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Violences sur sa compagne et sur son fils mineur : 14 mois de prison avec sursis

Un Chaumontais a été jugé mercredi 17 août pour des faits de violences sur sa compagne et sur son fils de 14 ans. Celle-ci s’est vue prescrire 10 jours d’ITT. Alertée par un voisin, la police était intervenue au domicile de la famille le 28 juillet. Le prévenu a échappé à la prison ferme.

« Votre compagne était au téléphone, vous avez cru qu’elle parlait à un amant ». Sébastien l’assure à la présidente du tribunal judiciaire de Chaumont Louise Lena : « à part ce soir-là, je n’ai jamais tapé ma femme ». Au demeurant, il ignore comment celle-ci a pu avoir une entorse du rachis cervical.  Sébastien a été « outré » de découvrir qu’elle avait avancé qu’il aurait aussi été violent avec leur fils de 14 ans, ce soir du 28 juillet dernier -un traumatisme au bras a été relevé : jamais il ne s’est comporté ainsi de toute sa vie. Si le prévenu, qui comparaît libre mais selon la procédure d’urgence, mercredi 17 août, se revoit boire chez son voisin -qui est son cousin- puis sortant de la voiture de police pour être conduit en garde-à-vue, entretemps, il a « un trou noir ». Immanquablement, il s’entend répliquer : « c’est commode ». Sébastien tente une auto-critique. « Oui, je suis jaloux, c’est la vie de tous les couples… Si elle ne veut pas me montrer son téléphone, c’est qu’elle a quelque chose à cacher ». Avant de chercher à témoigner sa bonne foi : « d’après l’OPJ (NDLR officier de police judiciaire), ce que vous dites est vrai, Madame, mais moi, je ne m’en rappelle pas ». Ni d’avoir été trouvé plaqué sur sa femme, à lui tirer les cheveux, à l’eng… alors qu’elle se protégeait le visage. Ni à vociférer « tu n’est qu’une p… ». Ni à lui prendre la mâchoire quand elle s’est relevée, provoquant sa chute. C’est alors que sa nuque a heurté une table basse. Non, décidément, lui, Sébastien, il « ne sait pas ». Le récit de son coup de sang est reconstitué à partir des déclarations de sa compagne, de son fils, et de l’épouse du cousin qui, trop inquiète, a déboulé au domicile de la famille. Alors il est invité à raconter le quotidien, tel qu’il le voit.

« Je ne gueule pas, je ronchonne »

« Je ne gueule pas, je ronchonne, ça a toujours été comme ça ». Sébastien a une vision radicalement opposée à celle de sa compagne et de son fils, qui ont indiqué aux policiers avoir mis en place « un code d’alerte » au cas où il serait pris d’un accès de violence. Un fiston qui dit comme sa mère parce qu’ « il est toujours collé à elle ». Ou bien en effet claquemuré dans sa chambre « à jouer à la console jusqu’à des 3 ou 4 h du matin ». Heureusement, père et fils ont leurs moments à eux, Sébastien vient d’ailleurs de lui acheter « une belle canne à pêche ». Son fiston lui manque, ainsi que sa compagne. « Si je ne me rappelle pas de ce qu’il s’est passé, j’ai conscience que ce n’est pas bien ce que j’ai fait… Je ne sais pas bien les mots… C’est horrible ». Sauf que sa compagne a soutenu qu’il faisait régner un climat de terreur, depuis la naissance de leur fils. Qui, ce soir-là, « intervenait pour la première fois car il a eu peur pour sa mère ». Celle-ci n’a cependant pas porté plainte.

« Je n’ai jamais bu autant que ce soir-là »

« Je n’ai jamais bu autant que ce soir-là ». Depuis cette soirée brutale, Sébastien « ne boit plus que de l’eau ». Il redoute d’aller en prison car il finirait par « être saisi » et qu’il a « besoin de (son) fils et de (son) père ». Le ministère public revient sur une de ses déclarations en garde-à-vue. « Si l’on ne m’agresse pas, je ne bois pas. Pouvez-vous expliciter ? ». Le prévenu est d’abord bien en peine de lui répondre. Puis il raconte pourquoi il s’est mis à boire le 28 juillet au soir -une affaire de famille à propos de son père gravement handicapé dont il s’occupe chez lui. Le ministère public entame son réquisitoire. « Cette fois encore, il n’y a pas de victime dans la salle ». Une victime « chanceuse » : la soirée aurait pu tourner au drame. Toutefois, le représentant du parquet pointe que Sébastien « n’a pas fait parler de lui ces 10 dernières années ». Son « trou noir » ? Plutôt « une sorte de déni ». Si son ivresse était sévère, elle l’explique pas. Le représentant convoque alors le fameux code « Ninin, tu dors ? » entre la mère et son fils, le signe qu’ « il faut appeler la police ». Toutefois, c’est un sursis probatoire qui est requis – 8 mois, avec « un accent » sur les soins, et la prolongation de l’interdiction d’entrer en contact avec sa compagne. De porter une arme, aussi.

« Ce n’est pas un féminicide ! »

« Je suis assez d’accord avec le ministère public sur le fait que mon client a besoin d’être aidé ». Et le conseil du prévenu Me Roland Aidan de redimensionner les faits. « Ce n’est pas un féminicide ! ». Alors, oui, convient-il, « dans cette nuit du 28 juillet, (mon client) a été violent, mais de là à dire que c’est la réalité de 15 ans de concubinage… non ! ». En outre, aucune violence ne figure à son casier judiciaire. Sébastien « se remet en cause avec ses capacités ». Qui sait d’ailleurs, glisse-t-il, si son « trou noir » n’est pas « un mécanisme pour se défendre » à hauteur de ses moyens. Sébastien a élevé trois enfants, travaille et gagne sa vie chichement, il s’occupe de son père très malade, bref, « c’est un honnête homme ». L’avocat penche pour une vie commune qui dérape il y a un ou deux ans, sous le poids des difficultés personnelles, financières, et sa fichue addiction à l’alcool.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le Chaumontais à 14 mois de prison assortis d’un sursis probatoire de 3 ans, pendant lesquels il a l’obligation de se soigner, interdiction de voir sa compagne et de se rendre au domicile conjugal. En revanche, le père est de nouveau autorisé à voir son fils.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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