La “Séraphine de Haute-Marne”
A l’image de Séraphine de Senlis, artiste autodidacte de condition très humble qui s’était mise à peindre au début du XXe siècle à la lumière d’une bougie, dans un grand isolement, Jacqueline Lenoël, qui n’y voit quasiment plus rien (elle souffre d’une maladie des yeux dégénérative) peint de remarquables tableaux inspirés du monde végétal ou aquatique, ainsi que d’autres œuvres issues de son psychisme ou de son imaginaire fécond, emprunt d’onirisme et de mystère. Ainsi les visiteurs ont pu découvrir “Les musiciens”, une toile qu’on peut affilier à l’art naïf, présentée ce week-end dans la belle salle rouge de la mairie.
Cette toile a déjà été repérée, ainsi que d’autres œuvres de l’artiste acquises par Jean-Claude Volot, le célèbre collectionneur et mécène d’Auberive. D’une grande modestie, celle qui se présente comme « une artiste de rue sans mentor ni modèle » parvient, malgré son handicap, à produire une œuvre dense et incomparable. Jacqueline Lenoël vient en outre d’être reconnue – au terme d’un long examen de ses œuvres par des experts – par le monde de l’art contemporain, et ses toiles, qui restent pour autant toujours abordables, sont désormais cotées par l’Icac (Indice de cotation des artistes certifiés). Une belle reconnaissance pour cette artiste hors-normes à re(découvrir) à Colombey ce dimanche, parmi une soixantaine d’autres artistes et artisans plus passionnés les uns que les autres.
De notre correspondante Aurélie Chenot