Eviter le pire – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les Ukrainiens ont subi Tchernobyl, subiront-ils Zaporijjia ? On a gobé le pire des mensonges en 1986, devra-t-on être aussi naïfs en 2022 ?
A causes différentes, conséquences peut-être identiques. A Tchernobyl, un incident nucléaire. A Zaporijjia, une centrale délibérément visée par les forces armées. Chacun se renvoie la balle, mais à vrai dire, on a presque envie de penser qu’on n’a pas grand-chose à faire de qui a fait quoi. Que les installations aient été bombardées – ou continuent de l’être – par les Russes ou à l’inverse les Ukrainiens n’est que le prétexte à un échange d’arguments fallacieux et à des attaques verbales stériles. Et pendant que la machine à invectives s’auto-alimente, le danger est, lui, réel. Et énorme.
On entend déjà des experts nous affirmer que concernant Zaporijjia, il ne faut pas s’affoler. Que la situation est certes préoccupante, mais que le type de réacteurs n’est pas le même qu’à Tchernobyl. D’autres sont beaucoup plus alarmistes.
Souvenons-nous qu’en 1986, on a un peu connu le même type d’approches. On a eu, aussi, ceux qu’on accuserait aujourd’hui de vouloir affoler les populations. Et d’autres, tout le monde s’en souvient, qui nous affirmaient sans rire que, bien sûr, il y avait eu incident mais que jamais, ô grand jamais, le nuage radioactif ne passerait nos frontières. Un peu comme si l’atome tremblait à l’approche de notre grand pays. On connaît la suite.
Il faudra, ici, tout faire pour stopper une nouvelle escalade qui pourrait mener à une catastrophe irréversible. Les alarmes, au sein des instances internationales, sont déjà enclenchées. Mais leurs effets sur les belligérants sont pour l’instant inexistants… Au risque de devoir constater, trop tard, qu’on n’a pas su éviter le pire…