Retour de flammes – L’édito de Patrice Chabanet
La bataille du feu n’est pas gagnée. Là où les incendies semblaient reculer face au déploiement d’une véritable armée de pompiers ils reviennent en force, comme on le voit en Gironde. Ailleurs, dans des secteurs jusque-là préservés, ils font leur apparition, comme on le constate dans le Jura. C’est cette multiplication des fronts qui inquiète. Pour reprendre une métaphore militaire, les soldats du feu sont contraints de mener une guerre de « haute intensité ». Ils la conduisent avec efficacité : pas de victimes, très peu d’habitations détruites. En revanche, nos forêts paient un lourd tribut : plus de 40 000 hectares carbonisés. Un moindre mal, si l’on ose dire, quand on voit les images dantesques des murs de flammes.
La question revient comme lors de toute catastrophe : les outils utilisés sont-ils à la hauteur de l’ampleur du désastre ? Pas assez de bombardiers d’eau ? Pas assez d’effectifs ? Pas assez de prévention ? Certainement, mais qui aurait pu prévoir l’importance de cette vague incendiaire ? Des achats substantiels de matériels auraient fait hurler les mêmes qui, aujourd’hui, déplorent le manque de moyens. Selon les versions, un camion de pompiers équipé pour la lutte contre les incendies de forêts coûte plus de 300 000 euros. Sans parler du prix d’un Canadair : 35 millions d’euros.
A ceux qui désespèrent de l’Europe, quand ils ne la condamnent pas, les incendies qui dévastent notre pays montrent aussi des élans de solidarité rassurants. Polonais, Allemands, Italiens et Roumains viennent prêter main forte à leurs collègues français. L’Europe n’est pas seulement un vaste marché. Elle se tisse aussi à travers la défense, pied à pied, de son patrimoine. Les forêts en font partie intégrante.