La vie s’écoule entre les fleurs et l’eau, à Troisfontaines-la-Ville
MA VIE AU VILLAGE 1/5. Le nord haut-marnais s’avère riche de petits bourgs, témoins d’un passé agricole et industriel où l’activité était dense. Désormais, on y vient pour profiter d’une qualité de vie bucolique. La parole est donnée aux habitants, qui nous décrivent leur façon de vivre.
Les champs de céréales et quelques massifs boisés pour horizon, à quelques kilomètres à l’ouest de Bayard-sur-Marne. Et aussi quelques vestiges historiques que tous les habitants connaissent bien. Il faut dire que beaucoup sont nés, vivent et mourront ici, comme le résume une riveraine. Partir d’ici, la question ne s’est d’ailleurs jamais posée. « Il y avait la ferme. Et même si on est en retraite, on a les bêtes », indique-t-elle. Pour sa copine bragarde, le choc a été plus rude, il y a 40 ans : « Je venais de la ville, je n’avais pas le permis, ça a été très très dur ».
Elles apprécient le calme de Troisfontaines-la-Ville, tout en restant proche des villes. « Je trouve qu’on est bien centré, à 18 km de Saint-Dizier, 9 km de Wassy, on est près de Joinville, on va à Nancy… » Quant aux loisirs, s’il y a bien une association, les deux copines ne la fréquentent pas. « Ça ne nous dit rien. On fait le jardin, du bricolage, la cuisine, le ménage, le temps passe vite », dit l’une. « Je trouve que c’est trop calme l’hiver », déplore l’autre, qui pense dans quelques années repartir en ville. « Troisfontaines, maintenant c’est 100 habitants et 28 retraités, alors c’est forcément calme ! », plaisante un riverain.
Sylvette habite dans la maison du village la plus réputée. Sur sa façade est installé, depuis on ne sait plus quand, un cadran solaire et le chemin menant au lavoir est situé sur le côté de son mur. Elle aussi n’a jamais quitté son village : « C’est une ferme ici. On était tous paysans avant. On s’occupait du jardin, des bestiaux, on partait jamais en vacances ». Elle a vu le village évoluer : « il s’est amélioré depuis 40 ans, il y a des maisons neuves ».
« On se connaît tous »
Elle s’ocupe entre les fleurs à arroser, la famille et participe parfois aux activités proposées par l’association, comme le 14 juillet ou la fête des voisins. « Tout le monde se connaît, c’est ça qui est bien », ajoute Audrey, du bout de la rue. Si la jeune femme vit désormais à Bettancourt, elle a gardé sa maison de famille et revient tout le temps. « Je retrouve ici ma tranquilité, je n’aimerais pas vivre au milieu du bruit. On peut se promener. Et il n’y a que dans ce genre de villages qu’on peut laisser ses enfants s’amuser sans s’inquiéter », assure-t-elle.
Elle n’hésite pas à nous emmener visiter les restes historiques où elle s’est amusée enfant et confie appartenir à la famille Menaucourt : « Il y en a plein ici, là-bas c’est mon cousin, mes grands-parents ». « On pense qu’ils ont fondé le village. Vous trouverez des Menaucourt partout ici mais il y en a peu en France. Nous sommes même partis voir le village qui porte le même nom en Meuse, mais je n’ai pas trouvé de personnes portant ce nom », commente le voisin de Sylvette, qui connaît donc aussi très bien Audrey, et dont les enfants habitent aussi le bourg.
Une histoire de famille et d’amitié donc, toujours au calme.
Marie-Hélène Degaugue
Les choses à voir
Le bourg tient son nom de trois sources abondantes qui se réunissent à Flornoy. La première coule dans un bassin privé situé au 6, rue Saint-Martin. La seconde se devine derrière une porte, insérée dans le mur de pierre de la rue de l’Eglise. La troisième coule dans le magnifique lavoir, à l’impasse de la Fontaine.
Au XIIe siècle, les seigneurs de Saint-Dizier fondent un monastère au sein du village, au lieu-dit Epineuseval. L’extraction en tranchées de minerai est effective jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ce minerai était nettoyé dans onze lavoirs, puis par un bocard à cylindres et un patouillet entraînés par une machine à vapeur. L’élevage et l’agricuture intensive ont dessiné le paysage du plateau.