Le soleil et ses ombres
L’édito
de Patrice Chabanet
Ce n’est donc pas fini : la canicule nous est promise pour une semaine de plus. Une bonne nouvelle pour le tourisme, du moins pour ceux qui peuvent choisir leurs lieux de vacances au bord de la mer. Après la période des vaches maigres du Covid, les professionnels soufflent. A l’inverse, les agriculteurs assistent impuissants à la destruction de leur production. Les terres se fissurent, les plantations se dessèchent quand elles ne sont pas carrément grillées.
La signature du dérèglement climatique est bien là. On peut toujours en discuter l’origine : les activités humaines ou l’impact des longs cycles naturels. Laissons aux spécialistes le soin de polémiquer et nous égarer dans des explications alambiquées. La réalité s’impose à nous : depuis quelques années il fait de plus en plus chaud. Mais le balancier climatique conserve sa logique : au moment où le soleil jette son dévolu sur certaines régions, la pluie tombe sans discontinuer ailleurs. Aux Etats-Unis, c’est la Californie qui brûle et le Kentucky qui est inondé.
Nous n’avons plus affaire à des « épisodes » météorologiques, mais à des phénomènes structurels. Ces derniers appellent déjà – et plus encore demain – des modifications de nos comportements à tous les étages de la vie : notre manière de consommer, de nous loger, de nous déplacer, de produire, de nous divertir. Sont concernés les individus, comme les institutions ou les entreprises. Certains parleront de révolution. Peu importe le mot. Le climat et l’accélération de ses mutations nous catapultent vers un inconnu que les meilleures projections ne parviennent pas à véritablement cerner. Le soleil conserve ses zones d’ombre.