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Course folle après un refus d’obtempérer aggravé : 2 ans ferme

Le conducteur, dont la vitesse a atteint les 130 km/h en agglomération, a fini par percuter un mur à Rimaucourt, dans une courbe particulièrement serrée. (photo d’archives Robert Costanza)

Ce dimanche 10 juillet, dans le secteur d’Andelot, deux gendarmes enjoignent un conducteur de s’arrêter, après qu’il a grillé un stop. Il refuse d’obtempérer, accélère, multiplie les risques pour se soustraire à leur contrôle. Avant de percuter violemment un mur à Rimaucourt. Le conducteur de 18 ans Mathéo G., natif de Saint-Dizier, était jugé hier vendredi 5 août au tribunal judiciaire de Chaumont.

« J’ai cru que j’allais mourir ». C’est ce que la compagne du prévenu a déclaré aux enquêteurs. Pendant que Mathéo G. tente, ce dimanche 10 juillet, d’échapper au contrôle des gendarmes, la jeune femme enceinte lui intime l’ordre de s’arrêter. En vain. Après qu’il a grillé un stop, les militaires suivent la Volkswagen Polo… à distance, maintenant que le conducteur a, ont-ils indiqué dans leur saisine, donné un coup de volant quand un des motards s’est retrouvé à sa hauteur. Mathéo roule pied au plancher, atteignant jusqu’à 130km/h en agglomération, se déportant parfois sur la voie de gauche, et doublant dans les virages. Avant d’encastrer la Polo dans un mur, à Rimaucourt. Sa compagne et une amie appellent au secours. La ceinture de sécurité de la première est bloquée. Les mêmes gendarmes leur portent secours. Un quatrième passager revient sur les lieux de l’accident. Mathéo G. aussi s’est enfui. Il sera retrouvé inconscient dans le jardin d’un particulier, à moins de 300 mètres, et ne se réveillera qu’au centre hospitalier. À la passagère mineure, 31 jours d’ITT seront délivrés.

« J’aime beaucoup conduire »

« C’est moi qui conduisais ». Au tribunal judiciaire de Chaumont devant lequel il comparaît, Mathéo, qui a été extrait de prison, convient qu’il était au volant… quand il avait soutenu l’inverse aux enquêteurs. Ce dimanche-là, il est parti « voir un chien » avec sa compagne et ses amis. « J’aime beaucoup conduire ». Alors il s’assoit au volant, et tant pis s’il n’a pas le permis -il s’avèrera que le véhicule n’était en outre pas assuré. Mathéo a consommé des stupéfiants. Il a un pistolet à billes sur lui, « acheté au Cash ». Il soutient qu’il ignorait que c’était interdit. Tout en lâchant un commentaire spontané. « C’est vrai que si j’aurais (sic) braqué quelqu’un, il n’aurait pas fait la différence ». Le prévenu venait de remonter à Chaumont -où le tribunal pour enfants le connaît hélas bien- , après s’être installé dans le Var, qu’il avait rejoint parce qu’il y avait « trop de choses négatives pour (lui) » -il avait perdu son père notamment. Mais là-bas, ses «mauvaises fréquentations » lui font faire machine arrière. Dans le Sud précisément, Mathéo a déjà été condamné pour un refus d’obtempérer. Pour avoir conduit sous l’emprise de stupéfiants, également. Depuis son box, le prévenu est à la peine pour expliquer pourquoi, , le 10 juillet dernier, il s’est embarqué dans pareille équipée. « Je trouve que c’est très grave. J’étais dépassé. Ces derniers mois, ça m’est arrivé plusieurs fois ». Reste qu’il avance être victime d’ « un trou noir », qui l’empêche de se souvenir des motifs de sa course folle. Mais il assure que cette fois, il « réalise » en ayant « mis en danger (sa) femme ».

« Inconscient ? Immature ? Égoïste ?… ou les trois à la fois ? » 

« Avec des si, direz-vous… ». Reste que dans son réquisitoire, le ministère public retient que c’est au « drame qui aurait pu coûter la vie à deux gendarmes et aux passagers du véhicule » que l’affaire aurait pu tourner. Le substitut du procureur Alexandre Djindian se demande si Mathéo est « inconscient, immature, égoïste… ou les trois à la fois ». À l’amnésie du prévenu, il ne croit pas une seconde. Mathéo lui apparaît bien peu critique sur son comportement. Au demeurant, pointe-t-il, le jeune homme « ne formule aucune excuse, ni à l’adresse des gendarmes, ni à l’adresse de sa compagne ». En revanche, avec des amis qui assistent à l’audience, « il y a des échanges de petits rictus ». Avant de récapituler : pour trois des faits qui lui sont reprochés, le prévenu est en état de récidive légale. Sans que ça l’empêche d’ « essayer d’enfumer (son) monde pour passer à travers les mailles du filet ». Avant de requérir 12 mois de prison ferme pour le refus d’obtempérer et 18 mois ferme pour les autres faits -conduite sous l’emprise de stupéfiants, conduite sans permis, blessures involontaires, port d’arme illégal.

« Il a un comportement de gamin »

« L’importance des peines » tourneboule le conseil de Mathéo Me Geneviève Lalloz. D’autant que l’avocate calcule que le sursis probatoire qui pesait déjà sur son client va immanquablement être levé. Mathéo ne s’était pas rendu devant le juge d’application des peines qui devait étudier un aménagement de sa peine de prison de 6 mois. « Il a un comportement de gamin ». Me Lalloz « n’est pas médecin », mais ses agissements lui paraissent « typiques » de sa jeunesse. Alors merci de ne pas voir dans sa déclaration « j’aime conduire » autre chose que « l’honnêteté de la minorité ». Une plaidoirie qui n’a pas totalement convaincu le tribunal. En effet, il a reconnu Mathéo G. coupable de l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés et l’a condamné à 12 mois de prison ferme pour refus d’obtempérer aggravé, et 18 mois de prison dont 6 mois avec sursis pour conduite sans permis, blessures involontaires, conduite sous l’emprise de stupéfiants, port d’arme de catégorie D. Deux ans ferme par conséquent avec un sursis probatoire, qui tomberait si les obligations de travail, de soins, de passage du permis de conduire n’étaient pas respectées… Deux ans ferme auxquels s’ajoutent les 6 mois de la dernière condamnation du tribunal de Draguignan, après la levée du sursis. En outre, jeune prévenu a été condamné à verser 2 000 € de dommages et intérêts à chacun des gendarmes et 400 € pour l’un et l’autre, au titre de l’article 475-1. Enfin, c’est le 4 octobre que la plainte des parents de la passagère mineure sera examinée, au civil.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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