Faites ce que je dis… – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est ce qui s’appelle tendre le bâton pour se faire battre. En plein débat sur le pouvoir d’achat. Précisément au moment où l’on demande aux Français de se serrer la ceinture. Et où on leur annonce, chaque jour avec un peu plus d’insistance, que l’énergie va sérieusement grever leur porte-monnaie. Ou encore, accessoirement – même si ça ne l’est d’ailleurs pas, accessoire – que la sobriété énergétique, en plus d’être un gage d’économies, aidera à sauver la planète…
Allez, ne soyons pas démagos. Qui n’a jamais laissé tourner son moteur de voiture plus que de raison ? Qui ne s’est pas laissé aller au petit geste pas vraiment bon pour la nature avec, derrière, cette réflexion qui en dit long sur notre engagement pour la sauvegarde de l’environnement : « Oh, c’est pas un mégot qui va tuer la Terre hein… » « Mégot » pouvant être aisément remplacé par « sac en plastique », entre autres.
Seulement, comment être crédible lorsqu’on demande des efforts, alors que dans le même temps on fait exactement l’inverse de ce qu’on préconise ? L’image de ces voitures officielles, moteur tournant pendant la durée du Conseil des ministres, est l’exemple type du décalage qui agace au plus haut point les Français.
Là non plus, point trop de démagogie. Mais tout est dans le symbole, malheureusement. En particulier quand on apprend qu’une circulaire exigeait depuis quinze jours des ministres et administrations une « exemplarité » sans faille en matière de sobriété énergétique.
Olivier Véran, désormais porte-parole du gouvernement, ne s’y est pas trompé, allant jusqu’à remercier qu’on ne « rate » pas les membres du gouvernement qui se laisseraient aller à ce que les Français finissent par détester : « C’est ça qui accélérera nos changements de comportements ». Joli coup de com’ au final. Ou pour le moins jolie manière, peut-être, de limiter les dégâts.