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Un geste patriotique qui conduit en déportation

Raymond Lopinot (1914-1945). Son beau-frère, Georges Fontaine, est mort à Auschwitz. (Collection familiale/club Mémoires 52).

HISTOIRE. Le 14 juillet 1942, des Bragards déposaient une pancarte ornée de drapeaux bleu-blanc-rouge au pied du monument aux morts, en dépit des interdits. Trois seront déportés.

Le geste a été salué par La Dépêche haut-marnaise, organe de communication du Front national (FN), mouvement de Résistance proche du Parti communiste français. « Honneur aux Français fusillés, mort à Hitler et aux valets de Vichy ». Voilà ce qui était marqué sur une pancarte décorée d’un ruban et de drapeaux tricolores, déposée le 14 juillet 1942 sur le monument aux morts de Saint-Dizier. « Elle fut admirée par de nombreux passants, rapporte le rédacteur de l’article, paru cinq jours après les faits. Vers midi, les flics boches et ceux de Laval vinrent retirer la pancarte. »

Une enquête a été ouverte. Et au moins deux des auteurs de ce geste patriotique ont été identifiés, et arrêtés le 27 août 1942 par la police française. Raymond Lopinot, dit Félix, est né à Béhonne, dans la Meuse, le 14 juillet 1914. Sa sœur, épouse de Georges Fontaine, résidant à Saint-Dizier, il est venu travailler dans la cité bragarde, d’abord comme garçon de café, puis comme employé SNCF. Membre du FN, il avait également participé à des distributions de tracts et journaux clandestins. Né à Ancerville le 6 octobre 1907, Gabriel Pierret, marié, père de famille, était ouvrier.

Internés à Clairvaux

Tous deux sont emprisonnés à Wassy et au Val-Barizien à Chaumont, puis conduits à Dijon où ils sont jugés par la section spéciale de la cour d’appel, avec un autre militant bragard arrêté durant la même période, Henri Mery, né à Saint-Dizier le 7 juin 1909, père de cinq enfants.

Condamnés à trois et cinq ans de prison par la justice française, ils sont internés dans la maison centrale de Clairvaux, puis, pour Lopinot et Pierret, dans celle de Blois, avant d’être transférés au camp d’internement de Compiègne en février 1944. Lopinot et Pierret sont déportés le 22 mars 1944 à Mauthausen. Pour sa part, Mery, qui avait ensuite été emprisonné à Melun puis Châlons, a quitté Compiègne le 12 mai à destination de Buchenwald.

Alors qu’il est théoriquement libre depuis quinze jours, Raymond Lopinot, qui était extrêmement faible, meurt en Allemagne vers le 20 mai 1945. Henri Mery est porté disparu à partir du 9 avril 1945 (la date de son décès a été fixée au 13 juillet 1944). Seul Gabriel Pierret rentre en Haute-Marne.

L. F.

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