Cathédrale : La tour Sud reprend des couleurs
Travaux. Débutée en décembre, la seconde tranche de restauration de la façade occidentale de la cathédral qui concerne la tour Sud poursuit le travail d’assainissement en supprimant les infiltrations qui fragilisent l’édifice religieux.
Derrière l’imposant échafaudage qui ceinture la tour Sud dans son entier, les hommes de l’art redonnent une seconde jeunesse à l’édifice huit fois centenaire. Depuis décembre, la seconde tranche de la rénovation de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Mammès est en cours. Il s’agit cette fois de la tour Sud. Et le travail est identique à la partie centrale de cette façade : supprimer les infiltrations. Un mal qui ronge de l’intérieur l’édifice religieux depuis des décennies. Plusieurs interventions ont été menées, toutes sans grand succès. elles ont accentué le mal. «C’est un chantier particulier car c’est une façade particulière du XVIIIe siècle alors que le chevet est du XIIe siècle», fait remarquer Charlotte Hubert, architecte en chef des monuments historiques.
Parmi les interventions intérieures, qui ont fait plus de mal que du bien, l’usage du béton sur des couvertines ou pour remplir des cavités rappelle que la chaux reste le matériau à utiliser en priorité. «On aperçoit des couleurs blanchâtres entre les joints un peu partout. Ce qui nous a beaucoup interrogé. On s’est d’ailleurs posé la question de savoir si derrière les pierres massives de Langres, il n’y avait pas un intérieur en métal comme pour le béton armé. Et donc les coulures seraient dues à l’oxydation du métal. Lorsque nous avons procédé au scannage de la façade, on a pu constater que ce n’était pas cela. Il s’agit du mortier qui ressort par les joints avec les infiltrations d’eau. On a retrouvé des vides très importants», souligne l’architecte en chef des monuments historiques.
La chaux remplace le béton
Chacune des cavités est maintenant injectée avec un coulis à base de chaux. Ce “coulinage” est important pour maintenir en place ce que les hommes de l’art appellent le “blocage”, un mélange de pierres et de mortier qui est positionné entre les pierres de tailles de chaque mur de la cathédrale. Au sommet de la tour, sous les balustrades, du béton avait été coulé sur le rebord de chaque tour pour toujours limiter les infiltrations. Ce béton a été retiré, allégeant ainsi la forme de la tour dans sa hauteur. Le résultat ne sera visible qu’une fois l’échafaudage retiré. Les Langrois pourront d’ailleurs comparer entre les deux tours à ce moment-là.
Plusieurs sculptures pour les chapiteaux notamment, ont des pierres cassées. Ici, l’architecte en chef des monuments historiques a préféré une greffe par goujonnage d’une pierre brute qui sera ensuite taillée. «Nous faisons des interventions minimalistes. On garde le maximum. On se doit de laisser le plus de matière originelle. Ici on se trouve avec des blocs énormes. Les changer serait alors un autre chantier», déclare Charlotte Hubert.
Un autre métier est tout aussi important pour préserver la cathédrale. Il s’agit du plombier qui applique des feuilles de plombs sur chaque rebord. Un travail méticuleux et ancestral qui participe tout autant que les tailleurs de pierre à redonner une seconde jeunesse à la cathédrale.
Ph. L.