(Finalement) conventionnel – L’édito de Christophe Bonnefoy
A chaque époque ses mots, ses tournures, ses expressions. On eut en 2015 l’union nationale face aux terribles attaques terroristes. L’union sacrée, même.
Nous voilà maintenant dans l’opposition responsable. LR et le RN avaient annoncé la couleur, avant le discours de politique générale d’Elisabeth Borne. Les deux partis ne rentreraient pas dans le jeu de LFI et sa motion de censure. Résultat : aucune chance d’aboutir, pour des Insoumis dont on devine qu’ils risquent de passer les cinq ans qui viennent à transformer – souvent – l’hémicycle en grand bazar. On verra si cette attitude n’est qu’une façon de faire le buzz systématiquement ou si elle laisse, tout de même, la place à une volonté d’avancer, malgré les désaccords avec la politique du gouvernement.
Opposition responsable. Mais est-ce à dire que les députés LFI seraient de dangereux pyromanes qui n’auront que le chahut pour méthode devant l’Assemblée ? Voilà qui serait évidemment contre-productif. Stérile même.
On peut, ou pas, adhérer au discours de la Première ministre ce mercredi, à son idée de nationaliser EDF ou sa volonté de réformer les retraites. Mais crier plus fort que les autres n’est en aucun cas un argument.
Les attitudes, pendant et après l’intervention de la Première ministre, donnent en tout cas le ton. On a vu des députés de la majorité debout, à applaudir Mme Borne. D’autres, assis, presque absents. Et d’autres plus virulents, comme dans un scénario déjà écrit. On a assisté à un exercice assez conventionnel et entendu des réactions qui le furent tout autant, finalement.
Une tendance se dessine toutefois pour les cinq prochaines années : on va assister à d’âpres négociations, plus ou moins constructives, lors de chaque proposition de loi. Rien à voir avec la dernière mandature. Très loin du long fleuve tranquille.