Eco-Hebdo : l’exception française
Qu’il pleuve ou qu’il vente, que le contexte international soit à la paix ou à la guerre, les relations sociales de notre pays sont soumises au même rituel : négociations chaotiques et mouvements de grève concentrés sur les transports au moment des départs en vacances et sur le système scolaire à la rentrée. Chaque camp a de bonnes raisons de se figer sur ses positions. Du côté des employeurs (État ou entreprises privées) on argue de l’impossibilité de laisser filer les coûts salariaux. Du côté syndical, on affirme avec la même force que les salariés ne sont pas rétribués à la hauteur de leur contribution.
Chaque année apporte sa spécificité. Aujourd’hui, la croissance aiguise les revendications malgré les conséquences de la guerre à nos portes. Pourquoi cette répétition de comportements, pour ne pas dire de postures, sans que n’apparaissent des esquisses de solutions ? Contrairement aux apparences, c’est la faiblesse des syndicats en France qui explique les flambées de contestation là où ils sont en position de force.
Il est bon de rappeler que notre pays a l’un des taux de syndicalisation les plus faibles d’Europe : 8,8%, juste après la Turquie, mais loin derrière le Royaume-Uni (23,4%), l’Italie (34,4%) et la Suède (64,9%). Ces chiffres produits par Statista se passent de tout commentaire.
L’Allemagne n’enregistre pas un score correspondant à sa réputation : le taux de syndicalisation s’établit à 16,5% seulement. Son consensus social est pourtant bien établi. Il tient assurément à des relations patronat-salariés apaisées, fondées sur la cogestion. Une conception qui ne passe pas en France. Pour certains syndicats, la cogestion sonne à l’oreille comme collaboration de classe. Pour une partie du patronat les syndicats constituent une source de nuisance au sein de l’entreprise. Un état de fait qui a la vie dure. La situation de la vie politique pourrait le faire évoluer. Les partis sont à la peine tandis que les corps intermédiaires – dont les syndicats – sont appelés à jouer un rôle croissant. Une nouvelle donne non garantie mais plausible.