Les jeunes du Colibri bienvenus à Saint-Martin
Solidarité. Après un coup d’essai raté à Euffigneix, l’association d’accueil pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance s’est finalement tournée vers Saint-Martin-sur-la-Renne. Le président du Colibri a rencontré les habitants du village pour échanger sur le projet ce mardi 21 juin.
A Saint-Martin-sur-la-Renne, ce mardi 21 juin en fin de journée, plus d’une vingtaine de personnes se sont rendues à la mairie pour discuter de l’installation d’une maison Colibri avec des représentants de l’association. Cette structure d’accueil pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance devait s’installer à Euffigneix. Après une opposition au sein du village, l’association a dû changer son fusil d’épaule et s’est tournée vers Saint-Martin-sur-la-Renne.
Le projet est aujourd’hui acté. Une maison du village de Saint-Martin-sur-la-Renne sera bientôt vendue puis louée à l’association Le Colibri. Après quelques travaux, cinq éducateurs et sept enfants, de 7 à 12 ans, s’y installeront dès le mois d’octobre.
Si deux trois participants à la réunion publique se tenaient dans une posture plutôt fermée avec les bras croisés, une émulsion compatissante et chaleureuse se dégageait majoritairement de la salle. D’autant que dans ce charmant village de maisons en pierres, la vente est loin d’être faite par défaut.
« Ça va apporter un peu de jeunesse »
« J’avais deux acheteurs pour la maison. Un Suisse de 70 ans qui voulait acheter la maison parce que sa femme est originaire de Haute-Marne. Ils n’auraient été présents que quelques mois dans l’année. Puis il y avait Le Colibri. J’ai privilégié Le Colibri car je suis un grand-père », explique l’actuel propriétaire de la future maison d’accueil.
De son côté, le maire du village, Patrice Closs, en a même déjà parlé aux équipes de l’école. « L’équipe éducative est enchantée et prête à travailler avec ces enfants. » Il souligne la mise-en-place d’un projet sans intérêts cachés. « Au conseil municipal, c’est le cœur qui a parlé. Nous ne touchons pas d’argent. »
Les habitants sont enthousiastes à l’idée d’accueillir les enfants. « Ça va amener de la vie. Les enfants n’ont pas choisi de vivre un malheur ou un drame. Il faut aider tout le monde », soutient Nadine, une habitante. Une autre résidente s’enthousiasme : « Ça va apporter un peu de jeunesse ». Après les rires, Laurent rejoint sa déclaration. « A Saint-Martin-sur-la-Renne, il ne se passe rien. Là, il va se passer quelque chose ».
Intégrer les enfants au village
« Il faut qu’ils deviennent des enfants du village », soutient Jérôme Aucordier, le directeur général de l’association Le Colibri. A ce titre, il souligne : « S’ils font des bêtises, il faut nous le dire comme si vous surpreniez un enfant du village ». Cette intégration des enfants, le président la voit aussi dans les rencontres intergénérationnelles. « C’est important pour eux qu’ils soient avec des personnes qui ne sont pas payées pour être avec eux. »
Ce à quoi le maire répond en pointant deux personnes : « Nous sommes un petit village, mais nous avons beaucoup de compétences. Il y a des gens pour faire des ateliers couture et nature ». Qui plus est, un des éducateurs du futur centre est un ancien habitant du village. « J’ai grandi six ans ici. J’ai gardé contact et je viens encore donner des coups de main », explique Lucas, éducateur à la maison Colibri. Une dame acquiesce : « Il vient toujours tailler mes rosiers ! »
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Le cas Euffigneix
A l’origine, le village d’Euffigneix devait accueillir cette maison d’accueil. Un manque de communication avait amené certains habitants à se soulever contre le projet. Les opposants à l’implantation avaient alors envoyé une lettre à chaque habitant informant l’arrivée de « pré-adolescents en grande difficulté, placés ». Pour le président de l’association Le Colibri, Jérôme Aucordier, il y avait eu confusion entre les enfants placés à l’aide sociale à l’enfance et ceux placés sous la protection judiciaire de la jeunesse. Il avait alors reconnu : « Nous sommes face à de la méconnaissance, nous n’avons pas assez présenté le projet ». Face à cet emballement, relayé par France 3 et Le Monde, le projet a avorté.