Compromis, oui, mais… – L’édito de Christophe Bonnefoy
En politique, il y a deux manières de composer. Lorsqu’on est dans la position du chasseur, ou à l’inverse de la proie. Ainsi, ce qui était vrai en 2017 ne l’est plus, au sortir du scrutin de ce 19 juin.
On nous parlait d’union nationale après l’échec aux dernières élections ? Le mot était fort. Mais on comprenait l’idée. On est plutôt désormais dans le « faire avec » les oppositions. Tant bien que mal. A l’aube de son premier mandat présidentiel, Emmanuel Macron était un homme neuf, d’une certaine manière. Il avait réussi à susciter l’engouement. Et par là même, à attirer vers lui des adversaires d’hier séduits par l’idée d’additionner les compétences, quel que soit le bord. Mais ça, c’était hier.
Si le chef de l’État tente de composer aujourd’hui, ce n’est plus pour gagner, mais essayer de faire oublier qu’il a perdu. Sa majorité toute relative à l’Assemblée n’augure pour lui rien de bon pour les cinq ans qui viennent. En rencontrant à l’Elysée ceux qui, tous, revendiquent la victoire aux législatives, il se mettait forcément en position de faiblesse. Passage obligé, certes, mais révélateur d’un état forcément fébrile.
Son intervention à 20 h ce mercredi était très attendue. Soit il s’enferrait dans ses certitudes et allait droit dans le mur, soit il annonçait qu’il avait entendu, qu’il avait compris, qu’il attendait de chacun, non pas une opposition aveugle et stérile, mais un engagement commun et responsable dans l’intérêt du pays.
Il a évidemment choisi la seconde option. Mais le mot « compromis » s’inscrit dans une simple formule, très vague. Dans les faits, s’il a demandé aux oppositions dans quelle mesure elles étaient prêtes à jouer le jeu, il n’a pas répondu à la question qui lui sera immanquablement posée : quel sens donne-t-il au même mot, en ce qui le concerne ?