Coup de chaud – L’édito de Christophe Bonnefoy
Vous pensiez que les fragiles équilibres politiques avaient fini de voler en éclats dimanche soir ? Vous n’aviez peut-être encore rien vu. En théorie, en théorie seulement, le très gros tassement du parti présidentiel constaté dès 20 h et confirmé au fil de la soirée, devait laisser le champ libre à la Nupes en tant que principale force d’opposition. Devant un Rassemblement national revigoré par son succès mais seulement en embuscade à l’Assemblée nationale. Jean-Luc Mélenchon se voyait déjà Premier ministre. Autant dire roi du monde ! Patatras !
D’abord, la Nupes n’a pas atteint ses objectifs en nombre. De surcroît, elle n’est pas un parti, mais un conglomérat de sensibilités par définition différentes. La machine de guerre (électorale) aura donné la sensation d’une belle unité pendant la campagne. Ou comment calculer pour essayer de gagner, mais on omettant une évidente réalité : ça n’allait pas tenir bien longtemps. Et ça n’a pas raté : devant la proposition à peine intéressée de Jean-Luc Mélenchon de former un groupe unique au Palais Bourbon, Parti socialiste, EELV et PCF lui ont opposé une fin de non-recevoir. Résultat, logique et implacable : La France insoumise, isolée qu’elle pourrait être par ses possibles futurs ex-partenaires de circonstance, pèserait moins en sièges que le parti de Marine Le Pen. Donc plus grand-chose, au regard des ambitions que LFI affichait.
Ce qui ne change pas vraiment la problématique pour Emmanuel Macron, tombé de haut le 19 juin. Il va vite devoir trouver des solutions pour voir venir les cinq prochaines années sans se donner en permanence des sueurs froides. S’il ne parvient pas dans les jours qui viennent à nouer les alliances ad hoc – du côté de LR par exemple – chaque texte de loi, chaque réforme devront faire l’objet de tractations à couteau tiré, sans assurance d’arriver à terme. Tout l’inverse de ce qu’il faudrait, en situation d’urgence, par exemple sur le pouvoir d’achat. Impasse(s) en vue.