Plusieurs artistes en une

MONTIGNY-LE-ROI

Samedi 11 juin, la galerie d’art du 16, place Verdun recevait une artiste pas tout à fait comme les autres. Le vernissage a accueilli peu de visiteurs et pourtant, l’expo en valait la peine.

Le travail de Carla-Yvonne Noomen, originaire de Rotterdam, orfèvre de métier, peintre autodidacte, a de multiples facettes. Ses yeux, d’un bleu éclatant, ne voient assurément pas la même chose que ses congénères. Ses mains, habiles, sont aussi à l’aise avec des pinceaux qu’avec des plumes d’oiseau ou des feuilles d’arbre. Son imagination, débordante et fertile, s’immobilise sur ses clichés ou s’évade dans ses peintures. D’abord des tableaux colorés, des personnages, un cheval, dans des situations irréalistes, à la façon de Chagall. Son maître d’inspiration, mais en plus filiforme, avec plus de vide entre les couleurs. Un fond blanc sur lequel semblent vivre des héros longilignes toujours en étroit contact grâce à un mouvement gracieux. Il émane de ces scènes une légèreté enfantine et drôle que ressent immédiatement le visiteur. Carla-Yvonne peint depuis son enfance. Là où elle aimerait faire les Beaux-Arts, ses parents l’en empêchent : elle sera orfèvre. Fatal diktat familial. Alimentaire, son travail ne lui convient pas, mais elle l’exercera toute sa carrière. Alors, pour échapper à la douleur, Carla-Yvonne fait de l’aquarelle. Elle glisse doucement, au fil des années, de l’abstrait bleu indigo vers du figuratif à l’encre de Chine et aux couleurs resplendissantes. Ses tableaux racontent des histoires qu’on peut suivre.

Des photos

Cette aventurière (elle a vécu sur une péniche pendant dix ans) sillonne la Meuse, tombe amoureuse de la Haute-Marne et s’installe à Voisey, il y a cinq ans. La nature luxuriante lui donne des idées qu’elle capture par l’image. Du clic de l’appareil photo de son smartphone, sortent des portraits d’artistes en travail. Noir et blanc, lumière naturelle, contre-jour maîtrisé, l’instantané figé paraît vivant. Un autre clic, une autre ambiance : des clichés de nature morte. Une ruine envahie par la végétation, une porte entrouverte qui invite à la pousser un peu, juste pour voir derrière. Bien que plus triste, immobile, l’image reflète la réalité d’une beauté délabrée, réalité sublimée par une impression sur plaque d’aluminium. L’effet est bluffant et surtout inaltérable. Carla-Yvonne s’amuse avec la lumière, la couleur. Elle transmet dans ses créations tout ce qu’elle est : discrète, généreuse, gracieuse et surtout talentueuse.

Cette sublime exposition est visible tous les vendredis, samedis et dimanches de juin et juillet, de 18 h à 20 h, en entrée libre.