Santé : diagnostic partagé, remèdes différents
Point central de la campagne de la première circonscription, l’offre de santé et hospitalière en Sud haut-marnais a été le premier thème de notre débat. Faisant machine arrière, Bérangère Abba affirme désormais que le plateau technique unique n’est pas inéluctable. Christophe Bentz, lui, explique comprendre la colère du Pays de Langres.
C’est LE sujet qui a animé, au moins un peu, une campagne électorale pour le moins atone. Dans la première circonscription, la santé en général, et la réorganisation en cours de la filière hospitalière en particulier, ont demeuré au centre des préoccupations. Les deux candidats en ont d’ailleurs convenu. « J’ai arpenté de nombreux villages. La santé est vraiment le sujet numéro un, qui revenait dans la bouche des Haut-Marnais », a constaté Christophe Bentz. Le candidat du Rassemblement national (RN) estime que « le fond du sujet, c’est l’attractivité médicale. (…) Certains s’abstiennent de se soigner car ils ont intégré la désertification médicale. C’est dramatique ».
Fort de ce constat, partagé par Bérangère Abba (Ensemble-Horizons), Christophe Bentz estime que l’urgence est de « faire venir les jeunes médecins ». Il se dit prêt, pour cela, à jouer les « traits d’union » auprès des facultés de médecins de Dijon, Reims et Nancy. Bérangère Abba, quant à elle, a mis en exergue la fin du numerus clausus, acté par l’actuelle majorité, et vanté un modèle en particulier : « On a un système, aujourd’hui, qui fonctionne bien : ce sont les maisons de santé. Certaines sont d’ailleurs en extension ». Fustigeant les soignants intérimaires « mercenaires » qui sont « bien mieux payés que ceux qui veulent s’investir durablement dans le territoire », la candidate de la majorité présidentielle veut renforcer l’incitation à l’installation et ne pas rejeter les médecins étrangers, « dont votre parti refuse l’installation », a-t-elle glissé au passage à son adversaire.
Service sur deux plateaux
Les lignes bougent, par ailleurs, sur la réorganisation de la filière hospitalière du centre et du sud du département. La manifestation à Langres – plus de 2 200 personnes samedi 11 juin – a manifestement infléchi le discours de Bérangère Abba, qui apportait son soutien au plan de gradation des soins. Si elle a à nouveau loué les 66 millions d’euros apportés par le “Ségur de la santé” et allégué de son rôle en coulisses – « Il y a quelques mois, l’hôpital de Langres était clairement menacé. Je me suis mobilisée pour le maintien des trois hôpitaux sur le territoire » -, Bérangère Abba, qui a qualifié la manifestation langroise de « rassurante » car elle montre la « vigilance » de la population, a rétropédalé concernant le plateau technique unique.
« Il n’est pas acté », a-t-elle affirmé – le plan validé en décembre affirme pourtant le contraire – avant de révéler que de nouveaux scénarios, avec deux plateaux techniques, sont en discussion. Pour sa part, Christophe Bentz a vu « une réelle colère » dans la manifestation langroise contre « ce que j’appelle une fusion déguisée entre Chaumont et Langres ». A ses yeux, « les Haut-marnais ne sont pas dupes » devant « le démantèlement des services de santé » et la démarche « à court terme » des 66 millions d’euros du Ségur.
N. C.