Décarbonisation : opportunité ou contrainte ?
Lionel Porte, consultant indépendant, expert en commodités agricoles et des valorisations du carbone, est venu expliquer les enjeux politiques et environnementaux autour de la neutralité carbone qui doit être atteinte en 2050. Au cœur de son intervention : le crédit carbone.
La décarbonisation, en gros, c’est le principe d’absorption des gaz à effet de serre, par les plantes, les forêts, les cultures. Les agriculteurs sont donc, à la fois, émetteurs et capteurs de gaz à effet de serre de par leurs activités. Pour arriver à capter plus, il faut des terres toujours couvertes de cultures ou de prairie. « En 2018, il y a eu 445 millions de tonnes équivalentes CO2, dont 19 % sont issus de l’activité agricole. Atteindre la neutralité carbone c’est limiter le réchauffement climatique. La compensation consiste à l’achat de crédits carbone », a précisé Lionel Porte. Une solution qui pose - tout de même - question chez les agriculteurs qui ont encore en tête la “Black list” des produits phytosanitaires. « Si, entre une récolte et le prochain semis je mets une friche et que je dois l’enlever en labourant, ce qui signifie du temps de travail et du gazole supplémentaires, où est le bénéfice ? », se demandait un des 210 agriculteurs présents. Bérangère Abba, présente sur une partie de la matinée, a d’ailleurs elle-même reconnu que « l’interdiction des glyphosates sans solutions n’amènerait qu’à flinguer des filières ». Donc ?
Réaliser un diagnostic carbone
Donc l’enjeu de cette décarbonisation est de taille puisqu’il s’agit de réconcilier augmentation de rendement, incontournable au regard de l’augmentation de la population mondiale – estimée à 10 milliards d’habitants en 2050 -, et la nécessité de s’orienter vers des pratiques plus responsables et durables de ces métiers qui nourrissent les Hommes. Mais alors, que peut-on faire pour que ce crédit carbone soit perçu comme une opportunité plus qu’une contrainte ?
« Les pouvoirs politiques ont déjà établi ce label “Bas carbone”. Ensuite il faut diffuser, que chacun des maillons de la chaîne aille voir les agriculteurs pour leur dire de faire un diagnostic carbone qui permettra de voir quel(s) poste(s) peu(vent)t être améliorés. Le principe est de partir sur une empreinte carbone à “T0” et on voit sur les cinq ans qui suivent. On voit comment on améliore et comment on obtient ces fameux crédits carbone », explique Lionel Porte. Reste que la revalorisation “crédits carbone” pour les agriculteurs est du volontariat et non un marché encadré et le prix est donc plus bas : de l’ordre de 35 € la tonne équivalent CO2) contre 80 € dans le cadre d’un marché organisé…
P. C.
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