Refermer une porte – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un procès. Et neuf mois de douleurs qu’on vient attiser encore un peu plus. Neuf mois d’une véritable torture pour les familles des victimes, ou ceux qui ont vécu l’horreur de l’intérieur et en ont réchappé.
Chacun a, enfoui dans sa mémoire, ce 13 novembre 2015. Et dans un coin de la tête, ce qu’il faisait précisément lorsque des commandos jihadistes ont choisi de faire des terrasses de cafés et d’une salle de spectacle des lieux de mort.
Il fallait un procès. Il fallait, à la sauvagerie, ne pas répliquer par les mêmes méthodes, mais par le droit. La meilleure des réponses, paraît-il : laisser aux terroristes l’inhumanité, et leur opposer – sans se laisser tenter par la haine – précisément nos valeurs, rempart à ce que d’aucuns auraient pourtant voulu utiliser : œil pour œil, dent pour dent.
Ce mercredi marquait le début des réquisitions avec, parmi les accusés, le seul membre des commandos parisiens encore vivant : Salah Abdeslam. Mais que faudra-t-il retenir de ce marathon judiciaire ? Qu’il a permis aux parties civiles d’apaiser leurs souffrances ? Pas vraiment. Les silences d’un accusé n’auront pas permis d’engager totalement un deuil de toute façon compliqué à faire. En revanche, l’enquête, complexe mais forcément synthétisée pendant ces neuf mois, aura apporté un peu plus de clarté sur le scénario macabre du 13 novembre. Un minimum de compréhension. Et l’assurance de pouvoir, enfin, refermer une porte – pas totalement, bien sûr – après un verdict qui devrait intervenir le 29 juin.