Wimoov s’efforce de favoriser la mobilité des Bragards
SOCIAL. La plateforme d’éco-mobilité, qui s’adresse à un public en difficulté, a dressé son premier bilan. Plus de 300 personnes de l’Agglomération ont bénéficié du dispositif régional. Il apparaît que le public concerné a besoin d’un suivi très poussé pour devenir autonome.
Wimoov est une association, qui a pour objectif d’accompagner le public en situation de fragilité vers l’éco-mobilité. Elle s’adresse à des demandeurs d’emploi, des bénéficiaires du RSA, des jeunes, des seniors et des personnes en situation de handicap. Ces personnes lui sont envoyées par des prestataires comme Pôle Emploi, la Mission locale, les organismes de formation, les chantiers d’insertion… « Notre but, c’est que ces personnes soient autonomes afin de trouver un travail », explique Stéphanie Hirtz, directrice régionale.
En 2018, la Ville de Saint-Dizier a sollicité la structure et, depuis, Thomas Beaujoin est le conseiller mobilité, dont les locaux sont situés à l’Afpa. Et ce dernier a fort à faire, comme le décrit le premier bilan présenté au conseil d’agglomération le 18 mai.
NOMBREUX FREINS. Partant du fait qu’ils n’ont pas de voiture ou de permis, les participants au dispositif Wimoov estiment qu’ils ne peuvent pas se déplacer. Au total, 50 à 70 % des personnes souffrent de difficultés liées à la mobilité. « Ils éprouvent des freins cognitifs et physiques à l’idée de changer de ville, de prendre le bus ou le train et ensuite de s’orienter dans un endroit qu’ils ne connaissent pas. Ils se croient aussi incapables de réussir à passer leur permis », souligne Stéphanie Hirtz. Quant à déménager plutôt que de rater un travail, « ce sont souvent des gens dans une situation précaire, au RSA, alors ils préfèrent rester près de leur famille. Et puis, cela veut aussi dire frais de déménagement », analyse Thomas Beaujoin.
SUIVI POUSSÉ. Pour leur donner confiance en eux, le conseiller mobilité procède à une prise en main du bénéficiaire. « Il faut leur expliquer qu’ils peuvent trouver les horaires de train à la gare. Ils voient bien les bus passer mais ils ne pensent pas à chercher les horaires », note-t-il. Et le smartphone ne sert à rien, « ils ne le regardent pas pour ces démarches. On leur montre donc les applications. » Concernant l’accompagnement au permis de conduire, « Thomas organise des ateliers code de la route. Mais il peut aussi passer un coup de fil après chaque séance pour s’assurer que la personne va bien au cours, qu’elle ne lâche pas », souligne Stéphanie Hirtz.
LOCATIONS. L’aide de Wimoov est aussi matérielle et financière. L’association peut verser de l’argent, mais oriente essentiellement vers des aides, pour le permis, le crédit social, des réparateurs qui pratiquent des réductions pour eux, la prise en charge d’abonnement de transports en commun… Elle loue également deux voitures, au tarif de 7 € par jour pendant deux mois pour se rendre au travail, peu prisées en raison de la caution. « Nous avons de la demande pour les trois scooters, mais il faut s’assurer que la personne dispose de toutes les capacités pour le conduire », ajoute le conseiller. Une personne a testé aussi la trottinette électrique. « Nous essayons aussi de les diriger vers les vélos électriques. »
PERMIS. Pour être autonome, l’accompagnement au permis de conduire reste la meilleure solution. Au total, 107 dossiers ont été réalisés, ce qui ne veut pas dire que les personnes l’ont obtenu. Mais ce sont surtout les transports en commun qui sont prisés par les bénéficiaires.
TAUX DE RÉUSSITE. Sur les 310 bénéficiaires suivis, seuls 95 accompagnements sont achevés. On compte un seul retour à l’emploi, 60 bénéficiaires qui ont amélioré leur employabilité et 62 maintiens en emploi ou en formation. « Nous ne savons pas ce que deviennent les personnes au bout de quatre ou cinq mois », avoue Thomas Beaujoin. Un point qui devrait pourtant intéresser l’Agglomération, qui a versé 60 065 € à Wimoov.
Marie-Hélène Degaugue
Perspectives
Wimoov a lancé quelques pistes pour améliorer la mobilité. L’association est en discussion avec Ticéa pour mettre en place un arrêt de bus au Bois-l’Abbesse. « On a de la demande, car la route n’est pas faite pour les piétons », déclare Thomas Beaujoin. Une vélo-école pourrait aussi voir le jour, afin d’apprendre à faire du vélo.