Sogefi : une industrie qui a du ressort
Avec Sogefi à Fronville, l’industrie automobile haut-marnaise ne manque pas de ressorts : plus de 7 millions chaque année sont livrés aux plus grands constructeurs.
À Fronville, près de Joinville, Sogefi produit des ressorts hélicoïdaux pour l’industrie automobile. Le site de production “Sogefi Suspensions Division” appartient au groupe italien Sogefi, groupe fortement implanté en France. Les ressorts produits ici sont destinés à équiper les suspensions des véhicules produits par PSA (40 %), Renault (22 %), puis Daimler (Mercedes), Fiat, Ford, Volvo et dans un futur proche BMW et Land-Rover.
Près de 62 %, de la production est exportée. Les pièces produites à Fronville sont expédiées vers 36 sites, dans 13 pays différents.
L’aventure industrielle a commencé en 1947 avec la création des Ateliers mécaniques de Saint-Urbain (AMSU). En 1959, l’usine déménage de quelques kilomètres à Fronville. AMSU est repris en 1986 par Sogefi. Un nouveau bâtiment – celui qui abrite aujourd’hui les quatre lignes de production – est construit en 1998. En 2008, l’usine installe une première ligne de fabrication à froid. Depuis l’an dernier, elle s’est dotée d’un dispositif HPC (High Performance Coating) qui permet de protéger les ressorts de la corrosion en appliquant une couche de peinture à forte épaisseur, de l’ordre de 500 microns.
Restent, donc, les fameux ressorts. Qui a la chance de bénéficier d’une présentation des produits par Olivier Martel, le directeur de l’usine, ne regardera plus jamais une suspension de la même manière ! Les ressorts-là sont un concentré de technologie ; ils présentent des caractéristiques pointues, des géométries savamment calculées. Le diamètre du “fil” peut varier, peut même s’aplatir ; l’écart entre les spires peut grandir ou se resserrer en fonction du poids, des performances, des caractéristiques du véhicule auquel ils sont destinés. Les process pour les fabriquer diffèrent aussi. Le fil issu des bobines est déroulé, formé à froid et découpé. Les barres, elles, sont chauffées à 900° avant d’acquérir leur forme quasi définitive.
L’usine de Fronville dispose de dix jours de stocks, tant pour la matière première que pour les produits finis. On est assez proche du flux tendu. Elle tend bien sûr vers le zéro défaut : on imagine les conséquences d’une rupture de suspension pour un constructeur de grosses berlines.
Olivier Martel se plait à souligner l’excellence du taux de service : là, la satisfaction des clients atteint 100 %. Dans l’univers impitoyable de l’automobile, c’est appréciable.
Les ressorts qui sortent des lignes de production de Fronville sont tous sauf banals. Leur valeur ajoutée est réelle. Cette technicité et cette qualité finale permettent au site haut-marnais de défendre ses chances face à une concurrence extrêmement féroce venue d’Allemagne ou d’Europe de l’Est.
7,5 millions de ressorts
Le site de l’usine s’étend sur 78 000 m². Le bâtiment de production couvre 17800 m². Le bâtiment de stockage occupe 7300 m². Treize équipes sont constituées, qui travaillent 24/24 du lundi matin au vendredi matin inclus.
L’usine emploie 125 salariés et une cinquantaine d’intérimaires. Elle produit bon an mal an 7,5 millions de ressorts.
Parcours atypique
Olivier Martel est un enfant de l’industrie. Originaire de Dunkerque, cet ingénieur chimiste de formation travaille longtemps pour Goodyear. D’abord en Picardie, il s’exilera en Allemagne, en Afrique-du-Sud, au Luxembourg. Il affiche donc une solide et éclectique expérience dans le management lorsqu’il quitte le manufacturier pour le groupe Sogefi. Il arrive à Fronville en octobre 2018 et s’est employé depuis à redonner de la performance financière au site haut-marnais : c’est aussi une garantie de pérennité et cela permet des investissements.