Juin 1944 : des Haut-Marnais parachutés en Bretagne
HISTOIRE. Au moment où les parachutistes américains et britanniques sautaient en Normandie, d’autres soldats alliés ont atterri sur le sol de Bretagne. Ils étaient Français. Parmi eux, au moins trois Haut-Marnais.
Il est un des premiers morts du Jour J, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Son nom : Emile Bouétard. C’est un Français. Caporal au 2e régiment de chasseurs parachutistes (4e régiment du Special Air Service, les fameux SAS), il a été blessé et achevé par un soldat d’Europe de l’Est servant dans l’armée allemande, près de Plumelec, dans le Morbihan.
S’ils n’ont pas sauté en Normandie, mais en Bretagne, les parachutistes de la France libre ont en effet pris une part active aux opérations qui ont permis d’établir une tête de pont sur les côtes de France. Ils ont installé deux bases dans les Côtes-d’Armor et dans le Morbihan, où les maquisards vont les rejoindre en nombre. D’autres équipes SAS sont parachutées dans les jours qui suivent pour encadrer tous ces soldats sans uniforme. Pami eux, trois Haut-Marnais, pour le moins.
Passés par l’Espagne
Le caporal Marcel Urbain a vu le jour à Harréville-les-Chanteurs, près de Bourmont, en 1925. Mais il résidait dans la Meuse lorsqu’il a décidé, avec deux amis de Mussey (près de Bar-le-Duc), de rejoindre la France libre. Ce qu’ils ont réussi à faire, en passant par l’Espagne. Et voilà Urbain engagé en 1943 en Grande-Bretagne dans le corps des parachutistes.
Lui aussi s’est évadé par l’Espagne, et lui aussi était caporal : Georges Caublot, né au lieu-dit gare de Laferté-sur-Amance, à Montesson. S’il saute en juin 1944, c’est pour rejoindre la base Samwest. Ensuite, il se battra en Belgique, en Hollande, puis en Indochine, et terminera sa carrière comme chef de bataillon. Décédé il y a neuf ans en Bretagne, il n’a jamais oublié sa terre haut-marnaise, où d’ailleurs il repose.
Un officier bragard
Le troisième para haut-marnais s’appelait Charles Husson. Un Chaumontais, parti de Haute-Marne en décembre 1942 avec son copain François Andriot. Le parcours qu’ils ont suivi était classique mais n’était pas moins dangereux : l’Espagne. Ils y ont d’ailleurs été internés avant de pouvoir être libérés. En Angleterre, leurs routes se séparent : Andriot s’engage dans les commandos et aura l’insigne honneur de figurer parmi les 177 soldats français débarqués en Normandie, Husson choisit les parachutistes. Arrivé en France le 12 juin 1944, le jeune fils de commerçant se bat jusqu’à la libération de Vannes. Il y est mortellement blessé, le 5 août 1944.
Comme lui, 70 SAS français auront perdu la vie, près de 200 auront été blessés, sur 450 hommes engagés durant ces deux mois de combats. C’est dire la rudesse de leur tâche pour libérer la Bretagne, avec les FFI de la région. Parmi eux, d’ailleurs, un Bragard de naissance, le lieutenant Jean Zalay, mortellement blessé à Malestroit en combattant aux côtés de l’aspirant parachutiste Jacques Chatenay.
L. F.