Saint-Dizier : L’ombre des tilleuls de la rue Ortiz plane sur la gare
L’abattage d’arbres sur la place de la gare, annoncé lors du conseil municipal du 18 novembre, suscite des inquiétudes. On ne souhaite pas revivre l’épisode des tilleuls coupés dans la rue Ortiz, effectué en catimini et démenti la veille.
Saint-Dizier n’est pas une ville du Sud, il n’empêche qu’une partie de ses habitants reste attachée à ses platanes. Alors quand le conseil municipal du 18 novembre a évoqué les aménagements de la future plateforme multimodale, à la gare, Jean-Luc Bouzon a interpellé le maire sur le nombre d’arbres à abattre. Pas question pour l’opposition, cette fois-ci, de se faire balader à travers les branches.
Onze arbres touchés
Le souvenir des tilleuls coupés dans la rue Ortiz, alors que la veille encore la municipalité démentait l’acte, plane toujours. Le maire Quentin Brière et Franck Raimbault, élu à l’environnement, ont assuré que l’on ne toucherait pas à l’alignement des platanes : « En tout, il y aura onze arbres d’abattus. Trois platanes seront coupés : l’un est malade, l’autre a été cassé par la dernière tempête. » Le troisième, situé à l’extrémité de l’alignement près de la gare, sera coupé car il gênera les manœuvres des bus, quand le réaménagement de la place sera effectué.
Les autres arbres abattus sont situés le long du canal et de sa piste cyclable. Une initiative surprenante car on ne voit pas en quoi ils gênent pour créer une liaison avec une nouvelle piste provenant de la gare, quand on regarde le plan édité sur le site de la commune. Surtout que de nouveaux arbres vont être plantés à cet endroit, « 110 au total sur le périmètre de la gare », indiquent les services de la Ville.
Une loi en leur défaveur
« Cela n’a pas de sens. On coupe des arbres adultes pour en remettre de nouveaux. En plus, des jeunes qui n’ont pas la même capacité d’absorption de CO2 », fait remarquer Martine Roussel, déléguée départementale pour la Marne et la Haute-Marne de Sites et monuments.
Cette représentante de la plus ancienne association nationale de défense du patrimoine est sur ses gardes depuis le coup des tilleuls. Et ce d’autant que les platanes de la gare, qui font partie d’un alignement remarquable, ne seront plus protégés par la loi de reconquête de la biodiversité de 2016, via l’article L 350-3 du Code de l’environnement. Cet article a été remis en cause le 16 décembre par l’Assemblée nationale, qui juge la loi trop contraignante pour les projets d’aménagement. Le nouveau texte de loi dite 3DS fera l’objet d’un vote solennel le 4 janvier, au palais Bourbon. Les défenseurs bragards des platanes auront donc des difficultés à faire valoir les droits des arbres, « considérés comme du mobilier urbain. Ils ont été plantés en 1891», rappelle Martine Roussel. Un anniversaire, 130 ans, passé sous silence de la municipalité, qui aurait pu constituer une belle fête environnementale.
Marie-Hélène Degaugue
mh.degaugue@jhm.fr