Le foot(oir) – L’édito de Christophe Bonnefoy
On apprendra, un jour pas fait comme un autre, que les agissements d’imbéciles, en plus de tuer à petit feu le sport qu’ils sont censés défendre, ont ôté la vie. Tout court.
L’envahissement de Geoffroy-Guichard, dimanche soir à Saint-Etienne, aurait très bien pu se terminer en tragédie.
Le sport est à la base un jeu. Il ne faut jamais l’oublier. Perdre en fait justement partie. Descendre d’une division aussi. Jamais, on ne pourra justifier que des supporters, d’où qu’ils soient, puissent considérer une pelouse comme un champ de bataille. Ou accepter qu’il leur traverse, même, l’esprit, de vouloir s’en prendre à leurs propres joueurs.
On aurait pourtant dû, tout au long de la dernière saison, prendre un peu moins à la légère les nombreux signaux qui pouvaient alerter sur un possible lamentable épilogue. Jet de bouteille, menaces ad hominem contre des acteurs du jeu notamment.
Chacun à sa place. Les joueurs jouent. Les supporters supportent. Les dirigeants dirigent. C’est peut-être là que la bât blesse d’ailleurs. Les joueurs deviennent parfois les pièces d’un puzzle très people. On donne aux supporters, au sein des clubs, un rôle parfois décisionnaire qu’ils ne devraient pas avoir. Pour mieux les contrôler ? Raté. Et certains dirigeants ont quelque peu oublié, s’ils les ont jamais connues, des valeurs du sport qui se sont effacées au profit de celles du carnet de chèques. Avec toute la pression que cela implique, et les exigences que finissent par imposer les clubs… de supporters justement.
Les dirigeants se découvrent des velléités d’entraîneur. Les entraîneurs ne sont de temps en temps plus que des courroies de transmission du bon vouloir de leurs dirigeants qui imposent la présence sur le terrain de joueurs seulement sur leur théorique valeur financière. Et les supporters se prennent pour les entraîneurs. Le grand “footoir”, quoi.