Lecture : le Haut-Marnais n’est vraiment plus le bon élève
Selon une étude s’appuyant sur un test organisé à l’occasion des Journées défense et citoyenneté, près de 12 % des 16-25 ans haut-marnais ont des difficultés dans le domaine de la lecture. Pourtant, il y a un siècle, la Haute-Marne était considérée comme « le premier département sur le rapport de l’instruction publique »…
Initiateur à l’échelle nationale des classes promenades, adepte de la suppression des devoirs écrits, Edmond Blanguernon est l’un des plus célèbres pédagogues français. De 1909 à 1922, ce professeur agrégé et poète a été l’inspecteur d’académie à Chaumont. Un séjour en Haute-Marne qui devait profondément marquer l’auteur de “Pour l’école vivante”, où il rappelait ce souvenir d’une visite d’école villageoise près de Wassy, avant la Première Guerre : « Même les bambins du cours préparatoire rendent compte d’une petite fable qu’ils viennent de lire et c’était déjà presque de la lecture expressive », s’enthousiasmait l’inspecteur. Car c’était un fait alors acquis : à la fin du XIXe siècle, « le département de la Haute-Marne est le premier sur le rapport de l’instruction publique », fanfaronnait un auteur. Ce temps paraît bien révolu.
Avec la Seine-Saint-Denis et la Picardie
Une très récente étude du ministère de l’Education nationale, basée sur un test de lecture réalisé en 2020 à l’occasion des Journées défense et citoyenneté (ex-JAPD), révèle en effet que la Haute-Marne est désormais l’un des sept départements où au moins 11 % des 16-25 ans – près de 12 %, exactement – rencontrent le plus « des difficultés dans le domaine de la lecture », avec la Seine-Saint-Denis, le Cher et l’académie d’Amiens ! Pourquoi un tel écroulement en plus d’un siècle ? Chacun aura son propre avis, à la lumière de ses convictions.
Réalisé en 2020, année de crise sanitaire, le test sur lequel s’appuie cette étude a concerné 437 000 jeunes français. Il montre également que parmi le dixième des personnes évaluées rencontrant des difficultés de compréhension, « un tiers peut être considéré en situation d’illettrisme ». Ce constat s’applique davantage aux garçons qu’aux filles et, dans 43,5 % des cas, à des jeunes n’ayant pas dépassé le niveau collège. Pour autant, si c’est la peu glorieuse situation du département qui nous interpelle, cette étude note tout de même que « près de huit (jeunes) sur dix sont des lecteurs efficaces ».
Lionel Fontaine