BA 113. “Top Gun” : derrière le film, la naissance d’une vocation
CINEMA. La suite Top Gun, film culte des années 80, était très attendue d’une grande partie des militaires de la BA 113 dont son commandant, le colonel Tanguy Benzaquen. Pour lui, le premier volet a été le déclic qui lui a permis de trouver sa vocation.
jhm quotidien : “Top gun Maverick” est sorti au cinéma cette semaine. C’était un film attendu à la BA 113 ?
Colonel Tanguy Benzaquen : Oui, l’armée de l’air et de l’espace a participé à des avant-premières. A Saint-Dizier, c’était mardi soir. Nous avons sollicité le cinéma pour réserver la salle pour les militaires et leurs familles. Il y avait environ 350 personnes au cinéma.
jhm : Pour vous, le premier “Top Gun” a été important ?
Col T. B. : Le premier “Top Gun”, c’est le film qui m’a donné envie de faire ce que je fais aujourd’hui. J’étais en quatrième, c’était une sortie scolaire, je crois. Et je me suis dit : « c’est ça que je veux faire ! Ce métier est extraordinaire ». Ça m’a motivé pendant toute ma scolarité. Au sein de la communauté des pilotes, ils sont nombreux à avoir été marqués. C’est un film culte pour l’ensemble des pilotes de chasse. Il y a des répliques cultes, des scènes mythiques.
jhm : Quel est l’écart entre la fiction et la réalité ?
Col T. B. : Les images sont impressionnantes. Ce sont des scènes très improbables d’un point de vue opérationnel. Quand on regarde nos exercices, nos manœuvres, nos combats aériens, il y a des distances de sécurité à respecter. Alors qu’au cinéma, il faut rapprocher les avions pour que ce soit plus exaltant.
Evidemment, le réalisme opérationnel n’est pas ce qui caractérise le film. Mais beaucoup d’images sont tirées des cockpits des avions. On voit les pilotes en vol beaucoup plus que dans le premier. On les voit subir les facteurs de charge, par exemple. Mais les manœuvres en elles-mêmes ne correspondent pas à la réalité. Cela dit, il ne faut pas casser le mythe ! (rires).
Quels sont les meilleurs films d’avions de chasse, selon vous ?
Col T. B. : On pense forcément aux “Chevaliers du ciel”, avec Benoit Magimel et Clovis Cornillac. Les images étaient magnifiques, plus que dans le premier Top Gun, parce qu’il est plus récent, les caméras ont évolué. Techniquement c’était beau. Je pense à “L’Etoffe des héros” aussi, mais plus sur le volet de la recherche de l’extrême et la conquête de l’aviation.
Dans “Top Gun”, on retrouve l’esprit des escadrons de chasse où il y a ce challenge permanent entre pilotes. On essaie d’être le meilleur dans son domaine. C’est une quête que l’on retrouve dans nos équipes de l’armée de l’air : affiner ses tactiques, connaître parfaitement son système, individuellement. Et puis, d’un autre côté, quand on part ensemble pour une opération ou un exercice majeur, on retrouve l’esprit collectif parce qu’on pousse les gens dans leurs limites, en termes de stress mental et physique. C’est cette solidarité très forte qu’on ne retrouve pas forcément dans le duo des “Chevaliers du ciel” mais qui est bien présente dans “Top Gun” 1 et 2.
Nous organisons des journées portes ouvertes les 25 et 26 juin : c’est un super coup de com’ pour nous d’avoir ce film qui sort un mois avant ! On espère que les gens iront voir le film, que ça piquera leur curiosité et qu’ils viendront voir comment ça se passe concrètement sur une base aérienne.
Frédéric Thore