Armes et larmes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Bien sûr que l’Amérique est choquée, bien sûr que Joe Biden est horrifié. Au Texas, 19 enfants et deux adultes ont été exécutés dans une école mardi par un fou furieux d’à peine 18 ans. Qui venait d’acheter deux fusils. En vente libre.
Mais comment venir décemment verser des larmes devant les caméras, alors que depuis des décennies, c’est le système lui-même qui arme indirectement ceux qui choisissent, un jour, d’aller jouer les Rambo dans des centres commerciaux, des écoles, des administrations…
Outre-Atlantique, tout en pleurant à chaque drame devant la dépouille des victimes, on se refuse à toucher à ce permis de tuer, au nom d’un très contestable droit à pouvoir se défendre. Tout juste se résout-on à adapter les lois, à les aménager timidement. Ça ne résout pas le problème. La preuve.
On connaît la raison, évidemment. On n’attaque pas, et surtout pas de front, le lobby des armes. Trop puissant, trop influent. Trop dangereux électoralement. Le résultat est là : de véritables massacres, récurrents, et juste les yeux pour pleurer. Ici, sur les corps d’écoliers. Révoltant.
Malheureusement, on n’est sans doute pas près de voir stopper ce scénario digne d’un très mauvais film. Il n’y a finalement pas aux Etats-Unis, si on regarde bien, d’un côté les gentils qui feraient tout pour dire stop et de l’autre, les méchants qui vendraient leur âme pour armer le pays entier.
En ce domaine des ventes d’armes, le système lui-même est vicié de l’intérieur. Et aucun Président, c’est à peu près certain, n’arrivera jamais à changer totalement les choses. Sauf à avoir la capacité de déplacer des montagnes. Trop de liberté, en l’occurrence, n’a offert que celle de pouvoir tirer sur tout ce qui bouge. Même des enfants.