Attractivité médicale : l’hôpital au cœur des débats
L’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture ont proposé, ce jeudi 19 mai, au cinéma Le Familial de Chalindrey, un atelier sur le thème de l’attractivité médicale. Présents, médecins et élus locaux en ont profité pour rappeler qu’il sera difficile d’être attractif sans hôpital.
Le comité de réception était présent. Avertis de la réunion organisée par l’Agence régionale de santé (ARS) au cinéma “Le Familial” de Chalindrey, jeudi 19 mai, les médecins du comité de pilotage “Egalité santé en Sud-haut-marnais” ont accueilli Cédric Cablan, délégué territorial de l’ARS, et la sous-préfète de l’arrondissement de Langres, Emmanuelle Juan-Keunebroek, avec des banderoles dénonçant la fin programmée du centre hospitalier de Langres. « Ce n’est pas le cas », a certifié, une nouvelle fois, Cédric Cablan, en invitant l’un des chefs de file, le docteur Didier Soumaire, à entrer dans la salle. « Je n’ai pas reçu de carton d’invitation », a répondu le médecin généraliste de Chalindrey, bel et bien autorisé à entrer.
Ce ne fut pas le cas, en revanche, de JHM Quotidien. C’est donc après coup que les acteurs sont revenus sur le déroulé de la réunion, durant laquelle l’hôpital et les négociations en cours ont évidemment occupé une partie des débats. « La réunion a été tendue », a indiqué François Molli, praticien généraliste de la cité ferroviaire. « Ils nous parlent d’attractivité alors qu’ils s’apprêtent à vider l’hôpital de sa substance ! », a lancé le médecin, qui « ne partage pas » le diagnostic et les analyses développés, lors de ces échanges, par Cédric Cablan.
Président du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays de Langres, Eric Darbot a dressé le même constat : « Après avoir écouté les médecins, libéraux ou hospitaliers, je vois une divergence fondamentale d’analyse. Un langage de vérité a été tenu hier soir (Ndlr : jeudi soir) de la part des médecins, qui illustre cette incompréhension ». L’un des professionnels présents dans le cinéma a notamment lancé que Langres semblait destiné à devenir « un garage ».
L’enjeu porte, naturellement, sur le futur emplacement du plateau de chirurgie unifié, cœur moteur d’un hôpital. Le Pays de Langres reste attaché à l’idée d’un site unique, à Rolampont. Interrogé par JHM Quotidien, Cédric Cablan a tenu à dissiper une « incompréhension », dans la mesure où « le ministre de la Santé a tranché en décembre dernier. Il y aura trois établissements, à Chaumont, Langres et Bourbonne-les-Bains ». Et pas ailleurs. Puisqu’il n’y aura qu’un seul plateau, il semble difficile, dès lors, de l’imaginer à Langres ou à Bourbonne-les-Bains. Pour l’ARS, et quoi qu’elle en dise, ite missa est (« la messe est dite »).
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr
Les internes de Dijon enfin attendus
Si l’hôpital a constitué, sans surprise, un sujet de crispation, Cédric Cablan avait tout de même quelques bonnes nouvelles dans sa besace. Point d’attractivité majeur s’il en est, la venue des internes en stage depuis la faculté de médecine de Dijon est désormais bloquée. Il s’agit d’autant de jeunes praticiens en apprentissage, qui, derrière, auraient des facilités et la connaissance du territoire pour venir s’implanter en Sud-haut-marnais. Depuis des années, un point administratif était bloquant. Dépendant régionalement de l’université de Reims, le Pays de Langres ne pouvait accueillir d’internes étudiant à Dijon, géographiquement bien plus proche, mais issus d’une autre Région.
Cet obstacle administratif est désormais levé. « L’ARS, les doyens des facultés, que je remercie pour leur implication, et les médecins ont fait un travail fantastique. Désormais, tout étudiant de Dijon peut faire son internat, à Chaumont, Langres, Chalindrey, etc. Il ne reste plus qu’à développer cette filière », a confirmé Cédric Cablan. Un heureux dénouement qui, pour le coup, a été salué par tous.
Les bons outils à développer
La réunion de Chalindrey, au-delà de l’hôpital, a porté sur le développement de l’attractivité médicale du territoire. « C’est l’un des quatre points fondamentaux en cours de réflexion dans nos ateliers », a précisé Cédric Cablan. Ces ateliers doivent ensuite déboucher sur la publication d’un nouveau projet médical de territoire, attendu pour septembre. L’équation est évidemment complexe. Le Sud-haut-marnais est d’ores et déjà en manque de praticiens, hospitaliers et libéraux, généralistes comme spécialistes. Nombre d’entre eux, de surcroît, vont partir en retraite dans les prochaines années. Face à cette situation, le souhait est évidemment partagé de voir s’installer de nouveaux médecins. L’accent a particulièrement été mis sur deux outils. En premier lieu, le développement des maisons pluridisciplinaires de santé : « Aujourd’hui, les jeunes médecins sont désireux de travailler en équipe et d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée », a relevé le délégué territorial de l’ARS, tout en reconnaissant qu’elles ne fourniront pas à elles seules de solution miracle. Le second axe porte sur la télémédecine, la Haute-Marne étant l’un des départements pilotes et expérimentaux en la matière.