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« L’élevage laitier haut-marnais en péril »

Le devenir de l’élevage laitier est incertain.

Elevage. “Haute-Marne Conseil Elevage”, le pôle élevage de la Chambre d’agriculture, a tenu son assemblée générale mi-mai. Olivier Perrin juge la situation de l’élevage « complexe et particulièrement inquiétante ». Explications.

« Une lente agonie de l’élevage ». Les mots d’Olivier Perrin, le président de “Haute-Marne Conseil Elevage”, sont forts mais ils se veulent aussi le reflet exact de ce qui se passe actuellement dans les fermes de Haute-Marne.

Il revient un instant en arrière : « Ces dernières années, l’agriculture est passée par différents états. De critiquée à remise en cause et largement bousculée par l’agribashing, elle est devenue indispensable et courageuse lors de la crise sanitaire. Nos concitoyens, de surcroît, consommateurs, ont plébiscité la production locale et les circuits courts. »

« L’élevage vit une lente agonie »

Olivier Perrin Président de HMCE

Cet engouement soudain laissait présager un avenir radieux aux producteurs/transformateurs qui maîtrisent la valorisation de leur production. Or, le constat actuel qu’il effectue est plutôt un retour aux habitudes de consommation passées. « La filière biologique est à la peine et la vente directe a perdu des parts de marché. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat ont eu raison des bonnes intentions des consommateurs. »

Olivier Perrin dresse un bilan de la situation actuelle dans les fermes haut-marnaises : « L’embellie actuelle des prix d’achat des bovins, particulièrement des bovins laitiers, est gommée par la hausse du coût alimentaire et de l’énergie. Elle n’inversera pas la baisse constante du cheptel et les arrêts des ateliers d’élevage. »

En production laitière, il constate que les coûts de production ne sont toujours pas suffisamment pris en compte par la filière et les hausses de prix actuels sont essentiellement liées à la valorisation beurre/poudre.

Les objectifs de la Chambre

Comme évoqué en Préfecture où il été question de tendance pratiquement irréversible, toutes ces hausses de prix impactent directement la trésorerie des exploitations et, d’après Olivier Perrin, « elles aboutiront probablement à des résultats d’exploitation insuffisants. La motivation des éleveurs se trouve de nouveau affectée et les solutions à court terme sont peu nombreuses ». Il parle de péril qui gagne l’élevage haut-marnais.

Les conseillers sont interrogés chaque jour sur la stratégie à adopter et le président du pôle élevage de la Chambre d’agriculture avoue manquer de réponses même si « ces sujets de résistance et de résilience sont largement évoqués et travaillés par l’ensemble des réseaux ».

Lente agonie de l’élevage laitier

L’autonomie alimentaire, l’autonomie protéique, la valorisation de l’herbe et du pâturage, la maîtrise des coûts de mécanisation, des dépenses énergétiques, la réduction des temps improductifs sont autant de sujets étudiés et disséqués « mais dont les applications en ferme restent trop limitées » d’après le constat extrêmement réaliste d’Olivier Perrin.

Il en tire des leçons pour l’avenir de la structure : « Notre rôle d’organisme de conseil est bien de proposer des solutions et d’accompagner nos adhérents vers une adaptation rapide et durable. Nous devons accélérer notre mutation du contrôle et du constat de la performance vers le conseil actif individuel et surtout collectif ».

Il y revient : « Cet objectif prend tout son sens dans ce contexte déstabilisant et nous oblige à une réaction rapide si nous ne voulons pas être un simple observateur de la lente agonie de l’élevage. »

Frédéric Thévenin

Une baisse inexorable

En 2012, la Haute-Marne dénombrait 206 000 bovins sur son territoire. Dix ans après, il n’y en a plus que 192 691 avec une pente régulière vers le bas et un décrochage plus prononcé en 2021. Au début, cette baisse des effectifs était compensée par la productivité et par l’agrandissement des exploitations. Ce temps-là est terminé car elles saturent (les vaches et les structures). Aujourd’hui, 1 088 agriculteurs détiennent des bovins contre 1 180 en 2012 et les techniciens craignent le pire du fait de la conjoncture, des charges et de la sécheresse qui s’annonce.

Du coup, inévitablement, le nombre de conseil (231) et contrôle de performance (268) donné par le pôle élevage de la Chambre baisse avec respectivement – 7 % et – 5 %. En moyenne, les laitières de Haute-Marne ont produit, en 2021, 8 048 kg de lait sachant que les effectifs stagnent à 87 vaches par exploitation. Les 13 155 prim’holsteins sont à 8 448 kg de moyenne (40,3 de TB et 32,8 de TP). Les 5 899 montbéliardes à 7 505 kg (40,6 de TB et 34,3 de TP). Les 2 127 simmentals à 7 046 kg (41 de TB et 34,6 de TP) et les 665 brunes à 6 831 kg (42,8 de TB et 35 de TP).

* Le taux butyreux (TB) ; le taux protéique (TP).

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