La démolition de l’ancienne station de pompage suscite l’incompréhension

La destruction de l’ancienne station de pompage du village, a suscité l’indignation de plusieurs habitants de la commune, fin avril, qui ne comprennent pas pourquoi le syndicat des eaux a condamné l’ancien puits datant du XIX^e siècle. Ce projet répond néanmoins à des exigences et normes strictes en matière de captage d’eau. Explications et témoignages.

La commune de Lamothe, rattachée à Colombey depuis 2017, disposait depuis 1968 d’un réseau d’adduction d’eau autonome. Cependant, les analyses de 2019 n’étant pas satisfaisantes et la quantité d’eau insuffisante, les élus ont décidé de raccorder le village au réseau d’eau de Colombey. Les travaux, pilotés par le Syndicat des eaux de la Source des Dhuits, ont été réalisés en 2020 et ont permis aux habitants de disposer d’une eau de meilleure qualité en quantité suffisante.

Comme l’a expliqué le maire de Colombey, qui est aussi le président du syndicat des eaux « dès qu’un captage ne sert plus, il doit être condamné et la ressource doit être inaccessible : on protège le puits pour éviter qu’il soit réexploité, c’est une obligation ». Pour autant, le manque d’information et l’arrivée inopinée des engins de travaux public ayant eu l’ordre de démolir cet ouvrage ont aussitôt provoqué la stupéfaction et l’incompréhension, notamment parmi les natifs du village : « On ne nous a pas du tout prévenus, explique Jacqueline, pourquoi détruire ce patrimoine en pierre et le reboucher complètement avec du béton, alors que la rivière est de plus en plus souvent asséchée ? Pour moi c’est une hérésie, le fermer d’accord je peux comprendre, mais pas le condamner ! Dans le temps, déjà, l’ancien lavoir avait été vendu. Maintenant c’est ce puits qu’on détruit. Ma famille et moi venions chercher de l’eau tous les jours quand j’étais enfant ici. »

« Peut-être stupide de couler du béton »

Le maire de Colombey a bien voulu admettre que « c’était peut-être en effet stupide de couler du béton, alors qu’on sait que d’autres puits existent tout autour, mais c’est la loi ».

Pour le mari de Jacqueline, Robert, le phénomène n’est pas si grave : « Personnellement ça ne me dérange pas, aujourd’hui avec les moyens modernes on peut trouver de l’eau rapidement si on le souhaite. » Mais Robert n’est pas natif du village, comme son épouse ou encore l’ancien maire de la commune, Christian Delacroix, qui a été profondément heurté par cette démolition : « Ce puits communal, profond de 12 m, a été construit il y a plus de 200 ans et maçonné en pierres, car la commune était réputée pour ses carrières ».

« Des dizaines de générations ont bu cette eau »

« Des dizaines de générations ont bu et utilisé cette ressource en eau, ainsi que les animaux domestiques. On l’avait approfondi de plusieurs mètres en 1893, suite à une sécheresse, les éleveurs avaient même été autorisés à lâcher leurs bêtes en forêt tellement l’eau manquait cette année-là. Si certaines analyses n’ont pas toujours été conformes, aucun cas de santé publique n’a été constaté depuis plus d’un siècle ».

« Aujourd’hui on le ferme, pire – car un simple couvercle de béton laissant l’ouvrage en état aurait pu suffire – on le comble et on le condamne définitivement en coulant du béton dedans, il semble difficile d’aller plus loin dans l’absurde ». A l’instar de Christian Delacroix, d’autres habitants ont jugé le procédé coûteux et absurde, tandis que d’autres déplorent surtout le manque d’information préalable.