Des artistes masculins à la galerie d’art Winkelmann

Samedi 7 mai, au 16, place Verdun, le vernissage de la nouvelle exposition de mai accueillait deux peintres d’inspiration différente. Opposés par leur technique, leurs supports, les outils et les matières, ils ont en commun d’être deux hommes, une première à la galerie d’art des Winkelmann.

L’hôte des lieux, Horst Winkelmann, est l’un des artistes qui expose. Né en 1948 en Allemagne, Horst, ingénieur BTP de formation, est peintre autodidacte, tombé dans la couleur et la création au moment même où, dans sa tête, le chaos l’envahissait, il y a plus de 30 ans. C’est donc avec les pinceaux qu’il prend soin de lui, « la peinture ça m’a guéri », avoue-t-il pudiquement.

Il découvre la technique de la peinture sous verre ou fixé sous verre, ou encore appelée peinture sur verre inversé. Il s’agit en fait de peindre sur une vitre transparente, plus ou moins épaisse, et de regarder le résultat sur l’envers. Le verre est à la fois le support et le vernis protecteur. Une technique minutieuse, difficile qui demande réflexion. En effet, il faut avoir en tête le résultat dès le départ, prévoir les détails, les ombres et les lumières car ce sont eux qui commencent l’œuvre au premier plan. Les plans successifs se peignent ensuite jusqu’à la couche finale qui recouvre toute la vitre. C’est son ami alsacien Siefer qui l’initie il y a douze ans. Horst peint alors et tente des expériences, découvre la sublimation des pigments grâce au verre. 

Sensibilité

Le peintre amateur qu’est Horst, essaie l’encre, l’acrylique, la peinture à l’huile, travaille sur les deux faces, fait apparaître de la profondeur en mixant les épaisseurs de vitre et les matières. Puis sa maison part en fumée, ses tableaux aussi… Presque trois ans de deuil, et voilà que cet hiver l’artiste renaît de ses cendres, il partage l’atelier de son épouse au troisième étage et replonge avec passion dans la magie lumineuse du verre peint.

Son compère de dix ans plus jeune, David Graham-Clarke, est originaire d’Afrique du Sud. Plutôt nomade, il a vécu au Japon, pays qui continue à l’inspirer, puis en Irlande, a étudié à Strasbourg à l’école des Arts décoratifs, il dit de lui « qu’il est peintre depuis toujours ». L’artiste peint comme un autre tiendrait un journal. A Amsterdam, il a été technicien photographe de nombreuses années, à tirer les clichés dans sa chambre noire, déjà fasciné par l’apparition des couleurs sur l’image. Il peint désormais à l’aquarelle des tableaux mêlant réalisme et abstrait. Il expose à Tokyo, aux Pays-Bas, en Allemagne et pour la première fois en France à Montigny-le-Roi.

Chacune de ses œuvres raconte son histoire. De sa mélancolie en noir et blanc à la pétillance de ces grands yeux verts, il retrace ses impressions en fonction de ses envies. David Graham-Clark est facétieux. Lorsque le numérique met fin à son activité, il rebondit. Depuis cinq ans, il vit à Voisey, ouvre une brocante dans sa grange qui devient vite une salle d’exposition de ses tableaux, à l’origine éléments de déco de son marché aux puces.

Diamétralement opposés dans leur art, Horst et David partagent la douceur, la sensibilité, la recherche d’expérience nouvelle et le besoin de livrer un bout de soi, au-delà des mots. Une exposition tout en finesse, à découvrir tous les week-ends de mai, du vendredi au dimanche de 18 h à 20 h, en entrée libre.