Date cruciale – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le 8 mai 1945 : la victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie. Le 8 mai 2022 : les commémorations, comme il est de tradition tous les ans, pour ne jamais oublier. Et espérer ne jamais revivre ces années qui furent l’une des pires périodes de notre histoire. Un devoir de mémoire.
Concordance des temps, forcément, le 9 mai 1945. Un autre événement commémoré chaque année : la Russie, également, fête le « jour de la victoire », là aussi contre le nazisme. A une différence près. Si le reste de la planète réveille le passé pour essayer de préserver un avenir sans guerre, Moscou est dans une démarche inverse, particulièrement depuis son agression contre l’Ukraine.
Ce lundi, Moscou, et le pays tout entier, regarderont défiler ce que Poutine veut afficher comme la preuve d’une force inébranlable. Mais pas vraiment pour évoquer la paix. Plutôt pour justifier sa folle guerre. Et, peut-être, l’amplifier encore un peu plus.
On sait depuis le démarrage de la fameuse « opération spéciale » contre le pouvoir de Kiev, que le Président russe n’a cure de préserver les équilibres précaires qui assurent la stabilité mondiale. On sait, qu’enfermé dans une sorte de nostalgie de la suprématie soviétique et une forme de mégalomanie destructrice, il semble prêt à tout pour arriver à ses fins : imposer ses vues tout autant que ne pas perdre la face.
Ce lundi, la planète entière scrutera les défilés sur la place rouge. Pas tant pour la mise en scène. Mais surtout pour le message que Poutine pourrait faire passer à cette occasion. Disons-le très clairement, comme il ne manquera pas de le faire si c’est cette voie qu’il choisit : il pourrait officialiser l’entrée en guerre contre l’Ukraine. Avec toutes les conséquences supposées. L’évocation d’une victoire passée, pour l’annonce sans le dire d’un possible embrasement à venir.