Grandes manœuvres – L’édito de Christophe Bonnefoy
Jean-Luc Mélenchon boit du petit lait, comme on dit. Et pour pousser l’allusion “alimentaire” un peu plus loin, on pourrait presque dire qu’il prend un malin plaisir à voir ses concurrents de la présidentielle venir lui manger dans la main.
Depuis quelques jours, on assiste aux grandes manœuvres. Quasiment à un grand bluff, d’ailleurs. Et à une sorte de remake – ou une tentative – de mise en place d’un programme commun tel qu’on l’a connu dans les années 70. Sauf que les forces en présence ne sont pas les mêmes. L’époque non plus. La France insoumise voudrait se faire plus grosse que le bœuf, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle annonce, tout de go, que les alliances du moment sont ou seraient un moment historique pour la gauche. Pour LFI, sûrement, au moins sur l’instant. Le parti n’a jamais autant été en position de force. Mais on le sait, en politique, et surtout par les temps qui courent, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Ou des semaines ou mois suivants. Pour les écologistes, les communistes et les socialistes – qui n’avaient pas encore rejoint les rangs de la Nouvelle union populaire hier soir -, tutoyer à nouveau l’Histoire s’apparente pour le coup plutôt à une capitulation. Leurs scores à la présidentielle, ridiculement bas, ne peuvent les placer en position de force. C’est mathématique.
Et après les législatives, en admettant que l’opération menée tambour battant par Jean-Luc Mélenchon se transforme en succès électoral, qu’adviendra-t-il ? Les unions de ce type ont généralement peu de chance de connaître la pérennité. Les ennemis – politiques – d’hier finissent toujours par le redevenir un jour ou l’autre.