Le Sud haut-marnais veut envoyer du bois
Sous l’impulsion du syndicat de la gestion forestière d’Auberive et de la CCAVM, et avec le soutien de l’Office national des forêts (ONF), une filière bois locale tente, avec les entrepreneurs locaux, de revoir le jour. Explications.
« Il y a 40 ans, nous avions une véritable filière bois. C’est un circuit qui a disparu… ». Maire de Baissey et vice-président de la communauté de communes Auberive-Vingeanne-Montsaugeonnais (CCAVM), Patrick Mielle est particulièrement bien placé pour documenter la déliquescence locale d’une activité jadis prospère : il fut, pendant de longues années, patron d’une scierie dans sa commune. « Avant, c’était naturel de travailler tous ensemble. Notre but est de relancer cet état d’esprit », explique-t-il.
Mais une telle démarche ne peut intervenir sans élément moteur. C’est finalement le projet de nouvelle gendarmerie d’Auberive, dont la construction vient de commencer, qui a permis à Patrick Mielle de faire feu de tout bois, au vu de l’architecture retenue. Les quatre logements rattachés à la caserne sont, en effet, appelés à être entièrement composés de panneaux bois lamellés et croisés CLT. « Alors qu’on est au cœur du Parc national, je me suis dit que ce serait une formidable idée de faire appel à du bois et des entreprises locaux. J’ai passé des heures et des heures et des coups de fil à n’en plus finir… », se remémore le vice-président de la CCAVM en charge des Travaux et de la Gestion immobilière.
« Nous montrons, en tant que collectivité que c’est possible. Maintenant, il faut s’en servir comme rampe de lancement»
Ce ne fut pas en vain. Avec le soutien de l’Office national des forêts (ONF) et du Syndicat intercommunal de gestion forestière de la région d’Auberive (Sigfra), un des plus importants de France, la démarche a fini par aboutir. Sélectionnés par l’ONF, l’ensemble des épicéas nécessaires ont été abattus sur la forêt domaniale de Colmier-le-Haut, par les ouvriers de la scierie Mauté, à Arbot. Ils seront ensuite transportés à Selongey pour être travaillés par la scierie Minot. Ce sont, ainsi, des charpentes estampillées 100 % Sud-haut-marnais qui seront installées sur le nouvel équipement d’Auberive.
Pour Patrick Mielle, ce travail en circuit court, en utilisant tous les savoir-faire et compétences économiques locaux, doit servir de précédent : « Nous montrons, en tant que collectivité que c’est possible. Maintenant, il faut s’en servir comme rampe de lancement pour le retour d’une filière bois, utilisée aussi bien par les collectivités publiques que le privé ! ». Une gageure somme toute bien engagée. Les élus, eux, continueront de mettre de l’huile dans les rouages. Dans les prochaines semaines, Patrick Mielle et son président, Laurent Aubertot, se rendront à Senones, dans les Vosges, afin de découvrir le fonctionnement d’une filière bois florissante. Histoire d’en rapporter les bonnes racines à implanter en Sud-haut-marnais.
Nicolas Corté