Un pognon de dingue

Faire la guerre, ça coûte cher. Pour l’agresseur et pour l’agressé. « Un pognon de dingue », comme dirait Emmanuel Macron. Un missile Javelin (système de lancement compris), par exemple, coûte près de 180 000 dollars. Un drone ? Plus de quatre millions de dollars pour la version Predator. Un hélicoptère antichar ? Quinze millions de dollars. A dire vrai, il est très difficile d’évaluer le coût exact d’une guerre de « haute intensité » comme on dit aujourd’hui. Tout dépend de l’intensité des combats, de leur durée et de la capacité des belligérants à renouveler le matériel détruit.

On se focalise trop souvent sur les enjeux purement matériels. Or la dimension économique est déterminante. Elle peut décider du sort des armes. Celui qui peut payer peut l’emporter. On sait très bien que l’URSS doit son effondrement à son incapacité à soutenir financièrement la concurrence imposée par les Etats-Unis dans ce que l’on a appelé la guerre des étoiles.

Toute proportion gardée, la Russie risque d’être confrontée au même dilemme aujourd’hui. L’Amérique déverse des milliards de dollars pour aider l’armée ukrainienne, comparés aux quelques centaines de millions alloués par les Européens. Moscou, pour sa part, n’aura jamais cette capacité à « suivre », comme on dit au poker. D’où le recours à un vieux matériel.

L’effet masse ne suffit pas à mesurer l’efficacité des armes employées. Encore faut-il que la qualité soit là, c’est-à-dire l’utilisation des dernières technologies, les plus onéreuses. Face à cette exigence, les Etats-Unis dominent le débat. Ils disposent d’une longueur d’avance face à la Russie. Ce n’est pas le tapage fait autour de missiles stratégiques hypersoniques qui changera la donne. Dans le même temps, l’Amérique démontre jour après jour à ses alliés qu’elle conforte son rôle de leader. Qui paie le plus contrôle le mieux le terrain militaire et diplomatique.

Patrice Chabanet