Sécuriser entreprise, commerce, maison avec la gendarmerie
Prévention, dissuasion, répression, c’est le triptyque de l’action de la gendarmerie. Sachant qu’elle intervient en faveur de la sécurité active et passive. Professionnels et particuliers peuvent faire appel à un correspondant sûreté pour apprécier la vulnérabilité d’un site aux cambriolages.
« Les chefs d’entreprise, les commerçants, les exploitants agricoles, les particuliers nous contactent, ou bien nous nous en chargeons pour apprécier la sécurisation de leur bâtiment ou de leur habitation ». À la brigade de Langres, le Major Hervé Grandjean est correspondant sûreté -il y en a deux par unité. Il se rend sur site pour donner des conseils permettant d’améliorer sa sécurisation. En aucun cas il ne délivre des injonctions à faire. « Libre à mes interlocuteurs d’agir… ou pas ». Il n’est pas davantage prescripteur de matériel de sécurité. Pas question non plus de concurrencer leurs vendeurs. Non, le Major fait bénéficier de son expérience des cambriolages, en pointant des failles qui facilitent l’intrusion de malfaiteurs dans un lieu… mais aussi des habitudes dont les propriétaires pourraient être bien inspirés de se défaire.
Nos habitudes parlent
« On commence par observer l’extérieur. En effet, lorsque des malfaiteurs sont rendus à l’intérieur d’un immeuble, eh bien… c’est trop tard ». Présence d’un portail, de clôtures, de barrières, d’éclairage, de détecteur(s) de mouvement… et le correspondant sûreté s’inquiète conjointement de la solidité des portes, des fenêtres et des serrures… voilà pour le passage au crible du cadre, avant le tamisage de l’attitude de ceux qui l’occupent. Le portail, il y en a bien un, mais… le ferme-t-on ? Et les volets ? Verrouille-t-on sa porte d’entrée ? Ôte-t-on les clés de contact de sa voiture ? Le capitaine Sébastien Roché, numéro Deux de la compagnie de Langres résume l’effet recherché : « au mieux, empêcher le cambriolage ; au pire, le retarder… car ça nous donne le temps d’arriver sur place ». Dans les commerces, pense-t-on à éviter de positionner la caisse à côté de la porte, à installer de manière opportune les détecteurs de présence ? Et puis il y a toutes nos manies qui informent sur nos faits et gestes. « Ainsi, avant de s’absenter de chez soi pour un moment, on laisse un seul volet ouvert pour qu’une plante résiste… et c’est toujours le même volet qui reste le seul à être ouvert… ». Et/ou c’est la chaîne qu’on embobine autour de son portail alors qu’on ne la pose jamais ». Bref, on fait clairement savoir qu’on est absent pour un bout de temps -il arrive d’ailleurs qu’on surligne l’annonce, en se fendant d’un post Facebook pour clamer sa joie de partir en vacances…
Libre à vous
« Dans une entreprise, on nous oppose parfois le manque de temps si l’on invite à changer une manie… qui visait précisément à en gagner ». C’est le cas d’une porte qu’on laisse en permanence ouverte… pour éviter naturellement d’avoir à la fermer puis à l’ouvrir plusieurs fois. Une prise de risque, qui s’apparente à un shunt sécurité de l’utilisateur d’une machine dangereuse. « Le particulier va plutôt déplorer le tarif d’une installation qui sécuriserait sa maison ». En tout état de cause, le Major Grandjean insiste : « on n’en voudra pas à un interlocuteur qui ne suit pas nos conseils ». Et, dans le cas contraire, la gendarmerie reste preneuse des cambriolages qu’elle peut empêcher.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr