Imposer l’image – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une élection ne tient parfois qu’à un fil. Et parfois, peut-être, à un cil. Un cil mal cadré. Une moue en plan trop serré. Un mauvais profil mis en avant. Le débat de ce mercredi soir verra bien évidemment s’opposer deux visions de l’avenir. Et s’affronter deux personnalités, qui avaient déjà eu l’occasion de croiser le fer en 2017. On connaît le résultat : une Marine Le Pen qui s’était sabordée en se laissant aller à l’outrance et en tombant dans la maladresse – certains diront le pétage de plomb -, quand Emmanuel Macron lui avait répondu par un calme olympien.
Bis repetita. Les deux mêmes jouent une partie de l’élection devant les caméras. Et pas que sur leur programme. On pourra le regretter, mais une présidentielle, désormais, se gagne aussi sur l’image. La preuve ? L’énergie qu’ont mise dans la bataille, non pas les deux adversaires, même s’ils s’y sont sans doute préparés comme des sportifs de haut niveau, mais leurs équipes. Ça va de la température sur le plateau de télévision aux types de cadrage. De la disposition des pupitres à l’éclairage, en passant par la place des journalistes et bien d’autres détails, dans lesquels pourrait se dissimuler le diable. Ça n’est en l’occurrence pas un hasard, si les négociations ont duré de très longues heures ce mardi pour définir les modalités de ce débat de second tour. D’ailleurs, comme c’est le cas depuis des décennies maintenant, et c’est symptomatique, c’est aussi en coulisses que se mènera la bataille. En régie, plus précisément. Et Marine Le Pen, et Emmanuel Macron, compteront chacun un représentant, placé juste derrière le réalisateur de la soirée. Ils seront prêts, eux aussi, à dégainer au moindre travers technique.
Bienvenue dans l’ère de l’image. Incontournable. Essentielle.