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Les hirondelles sont de retour

L’hirondelle est protégée, comme son nid.

Nature. Vous les avez peut-être aperçues : les hirondelles – rustiques ou de fenêtre – sont de retour en Haute-Marne. Médiatrice nature à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), Julia d’Orchymont répond aux questions de JHM Quotidien sur ce migrateur populaire.

JHM Quotidien : Depuis quelques jours, on voit des hirondelles. Savez-vous depuis quand elles sont revenues en Haute-Marne ?

Julia d’Orchymont : « Les premières ont été vues fin mars, mais c’était anecdotique avec quelques individus. On a eu une petite phase de froid et elles ne se sont pas pressées. Là, elles sont largement revenues en Champagne-Ardenne. Nous avons deux espèces qui viennent nicher : l’hirondelle rustique, la première de retour, et l’hirondelle de fenêtre que l’on voit à partir de début avril. »

Julia D’Orchymont, animatrice nature à la LPO.

JHM Quotidien : Comment différencie-t-on les deux espèces l’une de l’autre ?

J. d’O. : « L’hirondelle rustique a une gorge rousse, vivement colorée, et la queue très fourchue. Alors que l’hirondelle de fenêtre est noire et blanche avec le dessus du croupion blanc. Elles n’ont pas la même allure. »

JHM Quotidien : Elles sont en France jusqu’au début de l’automne à peu près, c’est bien ça ? Où migrent-elles ?

J. d’O. : « A partir de fin juillet – courant août, elles commencent à se regrouper. Ensuite, les départs s’échelonnent de fin août à mi-septembre. Les retardataires partent fin septembre, rarement plus tard. On sait où elles migrent grâce aux données de baguage. L’hirondelle rustique va principalement en Afrique sub-saharienne. Il y a eu des reprises de bagues qui ont montré que certaines descendent même jusqu’en Afrique du Sud ! Elles parcourent un long périple. Tout le monde repart, les adultes et les jeunes, car elles sont insectivores et ne trouvent pas de nourriture si elles restent. »

hirondelle

JHM Quotidien : Reviennent-elles toujours à l’endroit où elles sont nées ?

J. d’O. : « Je peux vous dire oui et non ! Certaines vont revenir au même endroit, d’autres iront ailleurs. C’est une bonne chose car cela permet un certain brassage génétique. Elles peuvent remonter en solitaires, d’autres en petits groupes. »

JHM Quotidien : Les hirondelles qui sont arrivées sont-elles déjà en train de s’affairer à la construction des nids ?

J. d’O. : « Oui, elles repèrent les sites de reproduction et vont certainement bâtir. Elles réoccupent souvent les anciens nids ou les réparent, ce qui est un gain de temps pour les couples. Elles utilisent de la boue. C’est assez solide, mais lorsqu’il y a des variations d’hygrométrie, les nids peuvent être fragilisés et tomber. C’est un risque naturel… »

Attention : l’hirondelle est une espèce protégée

JHM Quotidien : Pouvez-vous rappeler la réglementation concernant les nids d’hirondelle, espèce protégée ?

J. d’O. : « On n’a pas le droit de détruire une espèce protégée : ni l’individu, ni son site de reproduction, ni son nid. Même en décembre, il est interdit de détruire un nid d’hirondelle.

Ce sont les déjections qui sont gênantes. Pour s’en protéger, la planchette anti-salissures est une bonne alternative pour garder le nid. Il faut veiller à mettre la planchette une fois les oiseaux installés dans le nid, au moins à 45 cm sous le nid. Sinon cela peut gêner et cela pourrait devenir un support pour les prédateurs. »

JHM Quotidien : Les premiers oisillons sont attendus pour quand ?

J. d’O. : « En général, ils sont là courant mai. Une deuxième nichée arrive courant juin, dans la foulée. Certaines, très fortiches, en font même trois ! Elles se nourrissent de moustiques, moucherons, mouches et petits insectes. »

JHM Quotidien : Il y a beaucoup de perte chez les jeunes hirondelles, pouvez-vous nous donner les causes ?

J. d’O. : « Globalement, chez tous les passereaux, on ne trouvera que moitié des jeunes nés cette année encore en vie l’année prochaine. Leur périple n’est pas sans danger : il y a la prédation naturelle (de l’épervier par exemple), des maladies, de l’épuisement, les collisions avec les véhicules ou les vitres, les éoliennes… Les risques sont multiples. Une hirondelle peut vivre trois ou quatre ans, parfois un peu plus. »

JHM Quotidien : Avez-vous des données chiffrées sur l’évolution des populations d’hirondelles ?

J. d’O. : « Les suivis faits depuis une trentaine d’années montrent que de 2001 à 2013, l’hirondelle de fenêtre a perdu 33 % de ses effectifs… C’est énorme. Et pourtant, c’est une espèce qui peut rendre des services à l’homme, un peu comme les auxiliaires de culture. L’hirondelle fait partie de notre patrimoine naturel et elle doit être protégée. »

Propos Recueillis

par Sylvie C. Staniszewski

Lire aussi : Hirondelles, le retour !

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