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édito

Touché coulé

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Moscou a beau démentir en parlant d’incendie accidentel, personne n’est dupe. Le navire amiral, le Moskva, a bien été détruit par une frappe ukrainienne. L’arme utilisée d’après Kiev est le missile Neptune. Comme par hasard, l’armée russe vient de bombarder l’usine censée fabriquer cet armement, une forme d’aveu qui réduit à néant l’hypothèse de l’accident.

Dès maintenant, la question n’est plus de refaire l’historique de cette victoire ukrainienne, mais d’imaginer quelle pourrait être la réaction de Poutine. Visiblement l’homme a été blessé dans son amour-propre de président de la deuxième puissance militaire du monde. Pire que tout : il a perçu qu’il avait une guerre de retard dans un contexte où tout handicap technologique se paie cash. Le Moskva n’a pas su et n’a pu détecter l’arrivée du missile Neptune. On ne sait rien (pas de photo, pas de vidéo) sur le sauvetage de l’équipage.

Cela rappelle, en l’an 2000, la tragédie du sous-marin Koursk, encore un fleuron de la marine russe, coincé au fond de la mer. Malgré des propositions d’aide de la Norvège, Moscou avait préféré refuser, par une fierté mal placée. L’équipage était mort asphyxié.

Aujourd’hui, c’est la crainte de représailles et d’une nouvelle escalade qui prédomine. Du côté occidental on s’enferme moins dans les distinctions byzantines entre armes défensives et offensives. C’est du matériel de plus en plus puissant et mobile qui est acheminé vers l’Ukraine. Un prétexte pour Poutine qui nous accuse de cobelligérance.

Dans le même temps, Moscou annonce la mort d’une trentaine de mercenaires polonais dans le Nord de l’Ukraine. Varsovie sait désormais à quoi s’en tenir. La Pologne risque d’être la prochaine cible de l’armée russe. La France, prisonnière de sa campagne électorale, n’en a pas pris conscience. Le réveil, passés les flonflons du second tour, risque d’être douloureux.

Patrice Chabanet

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