Élus de l’Agglo : question banale mais débat important
La question “anodine” de Jean-Marie Joder sur le bien-fondé de la quatorzième vice-présidence de l’Agglo de Chaumont suscite un débat et va, inévitablement, avoir des conséquences sur la collectivité. Échanges et décisions à venir.
Comment une petite question “anodine” peut avoir de multiples répercussions… Lors du dernier Conseil d’Agglo, Jean-Marie Joder, élu de Chaumont qui a rejoint récemment le conseil après la démission de Joris Pierret, a mis l’accent sur l’utilité (ou pas) de la quatorzième vice-présidence de l’Agglo. Elle a pour thème la « contractualisation » et est présidée par Paul Fournié.
Or, Jean-Marie Joder a rappelé que « chaque vice-présidence de l’Agglo de Chaumont a pour obligation d’animer une commission et justifiait ainsi sa rémunération ». Comme, Paul Fournié n’a rendu aucun travaux depuis juillet 2020, il estime cette vice-présidence injustifiée. Pour lui, « chaque euro dépensé doit se faire au regard de son utilité » d’autant plus que l’Agglo est dans une situation financière précaire. Il est question là de 20 000 €.
Don à une œuvre d’utilité publique
Après cette intervention, le débat s’est poursuivi sur les réseaux sociaux avec une réponse de Paul Fournié. Il reproche d’avoir été interpellé alors qu’il était absent pour cause de Covid mais, en même temps, il poursuit les échanges tout aussi indirectement. Les propositions de boire un verre n’y changent rien.
Paul Fournié explique que « le plus important pour lui », au-delà des inquiétudes malveillantes, est qu’il n’a pas touché à un seul des euros de ses indemnités versées par l’Agglo. Il compte en faire don à une œuvre d’utilité publique. Il n’est pas intéressé par l’argent dit-il.
Aucun gros dossier confié à l’élu
Ensuite, il estime sa présence dans les vice-présidences de l’Agglo « indispensable à un fonctionnement rationnel et équilibré » étant le « dernier » représentant de la majorité municipale de Chaumont. Véronique Nickels, certes ostracisée, certes sur le point d’en sortir, appréciera…
Enfin, l’élu reconnaît qu’aucun gros dossier ne lui a été confié. « Les rapports compliqués entre la Ville et l’Agglomération ont peut-être empêché cela mais je ne désespère pas (…). Je n’ai aucun problème à travailler avec mes collègues et j’ai du plaisir à participer aux travaux ».
Paul Fournié rappelle aussi que cette vice-présidence avait été « désirée » par un ex-colistier de Jean-Marie Joder et finit : « le temps est loin où l’opposition socialiste jouait collectif et rejetait les questions de personnes pour regarder les logiques de territoires, pour défendre leurs électeurs. Je regrette le temps de ces élus qui, s’ils étaient parfois véhéments en conseils municipaux, savaient ne pas affaiblir Chaumont en séance publique ».
« Le représentant d’un clan plutôt que l’élu de tous »
La réponse aux propos de Paul Fournié est venue par voie de presse. Jean-Marie Joder le remercie de reconnaître qu’il n’est « pas noyé sous les dossiers » et rappelle qu’il ne s’est aucunement attaqué à une personne mais « à l’existence même d’une vice-présidence dont l’utilité ne m’a pas semblé opportune ». Pour lui, il était logique et « pas incongru » de questionner une dépense lors du vote du budget. Présence, ou pas, du vice-président.
Il ajoute ensuite que le fait que Paul Fournié gagne de l’argent lui importe peu. « Il peut, fort heureusement, aussi bien le dépenser à sa guise et en faire don autant qu’il le veut. Ce choix lui appartient. Ce qui m’importe, ainsi qu’aux habitants, c’est que de l’argent public soit utilisé pour verser une indemnité sans véritable contrepartie. Pendant ce temps, dans les services de l’Agglomération, les personnels sont entravés dans le plein exercice de leurs fonctions car chaque euro est compté. Les budgets sont muselés car chaque économie a son importance ».
Jean-Marie Joder poursuit : « je considère que les services rendus par l’Agglomération sont, bien sûr, d’utilité publique, et méritent toute la capacité financière possible. C’est à ce prix que notre territoire reste un endroit où il fait bon vivre et qu’il peut être attractif. Alors, autant utiliser cet argent directement plutôt que de le faire transiter par l’intermédiaire d’un élu, pour être reversé sous forme de don à une autre organisation… plus tard ! »
Point de vue éthique d’un élu
L’élu déroule : « d’un point de vue éthique, conserver cette vice-présidence revient à accepter d’être le représentant d’un clan plutôt que l’élu de tous. C’est affirmer que les intérêts personnels priment sur l’intérêt de tous. C’est fournir des arguments à ceux qui prospèrent sur l’hymne du « tous pourris » ou qui s’éloignent de la chose publique ».
Il conclut : « alors que, à contrario, renoncer à cette vice-présidence fantôme indiquerait un vrai courage politique et montrerait la capacité à ne pas se laisser enfermer dans une posture politicienne chaumontaise pour le bénéfice de tous les habitants de l’Agglomération. A ce stade, il n’est pas question de majorité ou d’opposition. Il est question de faire honneur à la fonction d’élu du peuple, de tout le peuple… »
Frédéric Thévenin
Vers un « remaniement » à l’Agglo ?
En juillet 2020, après son échec pour accéder à la présidence de l’Agglomération de Chaumont, il convient de rappeler que Paul Fournié n’avait demandé aucune vice-présidence. Il avait même été très surpris par la demande très pressante de Christine Guillemy, en son nom, et Stéphane Martinelli y avait consenti par souci d’apaisement. Apaisement qui n’aura jamais eu lieu.
Du coup, le débat autour de cette quatorzième vice-présidence devient le problème de Stéphane Martinelli. Il le reconnaît et est appelé à trouver une solution. Dès le prochain conseil, le président de l’Agglo pourrait profiter de la suppression de la neuvième vice-présidence pour aller plus loin.
Cette dernière autour de « la cohésion territoriale » incombait à Francis Hasselberger, l’ancien maire de Bologne. Sa démission aura condamné la vice-présidence qui n’avait pas, non plus, montré tout son intérêt.
Quitte à effectuer un « remaniement » et en se servant comme argument des économies à réaliser, Stéphane Martinelli pourrait se pencher sur d’autres vice-présidences dont la quatorzième ; celle de Paul Fournié. Il pourrait la supprimer et pourrait même aller en débusquer d’autres aux intérêts minimes. A noter que s’il n’en gardait que dix, la collectivité ferait une économie de 192 000 € d’ici la fin du mandat de l’Agglo. Certains élus en appellent même à diminuer le nombre de délégués par commission pour, là aussi, restreindre les frais.