Le troisième homme
de Patrice Chabanet
Elle a attendu en vain, jusqu’au bout, un mot de soutien de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse n’a pas eu la chance d’Emmanuel Macron qui, lui, a pu bénéficier de l’appui de l’ancien chef de l’Etat, et cela dès le surlendemain du premier tour de la présidentielle. Deux poids, deux mesures qui ne doivent rien au hasard. Sans l’exprimer explicitement, Nicolas Sarkozy entend peser sur le débat politique, et plus précisément sur les évolutions de la droite après la débâcle électorale. Il sait et il sent qu’au sein des Républicains des clans sont prêts à en découdre pour réorganiser le parti. Une bataille sans concession entre les partisans d’une droite modérée et les tenants d’un rapprochement avec l’extrême droite. Là encore, il fera pencher la balance, tel un deus ex machina. L’homme a la rancune tenace. En dehors des choix stratégiques, il ne fera sans doute aucun cadeau à ceux qui, à ses yeux, l’ont trahi. On l’imagine mal favoriser l’ascension d’un Laurent Wauquiez.
Avec un autre ancien président de la République, François Hollande, Nicolas Sarkozy partage cette passion inassouvie pour la chose politique. Un échange d’expériences, d’autant plus percutant que l’opinion publique ne trouve que des qualités aux « ex » après les avoir vilipendés quand ils étaient aux manettes. Le meilleur exemple est celui de Jacques Chirac adulé après avoir quitté l’Elysée. Nicolas Sarkozy, sur un autre mode, emprunte la même démarche. Il ne tâte pas le cul des vaches. Il distribue ses onctions dans ses bureaux de la rue de Miromesnil. Bref, il est devenu incontournable, sans prendre les coups de ceux qui nous gouvernent.