Comment faire face au désert médical à Chaumont ?
L’été prochain, le manque de médecins généralistes à Chaumont va être encore plus criant. Pourtant, il existe des sites comme celui de Cap Santé 52 qui correspondent aux attentes de la nouvelle génération de professionnels. La ville se heurte à un problème d’attractivité du territoire de santé. Ce problème a été abordé avec Nicolas Lacroix.
En juin prochain, dans à peine six mois, Chaumont va perdre six de ses médecins de ville du fait de départ à la retraite massif. Chaumont va ainsi perdre un quart de son effectif laissant une patientèle dans le désarroi. Le chiffre est estimé autour de 8 000 patients qui se retrouveront sans médecin traitant pourtant indispensable dans des parcours de soins. Il faut y ajouter le millier de familles déjà entrées dans le désert médical. Désert médical qui touche toute la France et plus particulièrement la ruralité.
C’est dans ce contexte que Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, a visité Cap Santé 52, la maison de santé privée qui a ouvert ses portes en juin dernier dans le quartier Saint-Aignan de Chaumont.
Un désert « cultivé » ?
L’établissement compte actuellement quatre professionnels : un podologue, deux infirmières et une ostéopathe qui n’est autre que Sixtine Pettini, la porteuse du projet.
Le bâtiment flambant neuf a été conçu de telle sorte qu’il peut accueillir « tous les genres de professionnels de santé ». Sept salles sont accessibles et trois autres pourront être aménagées à l’étage. L’idée de Sixtine Pettini est de faire de ce site un lieu d’échanges, « de travailler en réseau et de pouvoir accompagner les patients sur toutes leur pathologies et leurs problèmes ».
Mais voilà, elle se heurte au désert médical qui avance inexorablement. Parfois, elle va jusqu’à se demander si ce désert n’est pas « cultivé ». Autrement dit, si la situation n’arrange pas quelques protagonistes du milieu de la santé. Son père en parle très bien en s’interrogeant sur la stratégie de recrutement des professionnels de santé.
Après avoir reçu Christine Guillemy, maire de Chaumont, Sixtine Pettini a fait état de ses recherches à Nicolas Lacroix. Elle se frotte aux universités, aux facultés et aux écoles de sage-femme et d’infirmiers avec la difficulté récurrente d’être sur deux agences régionales de santé, celle du Grand-Est et celle de Bourgogne Franche-Comté. Autant dire que celle de Bourgogne tient particulièrement à garder ses médecins et qu’elle n’est pas prêteuse. Peut-être que le groupement hospitalier territorial 21/52 qui vient d’être réaffirmer (JHM d’hier) va dissoudre ces frontières administratives. Il faut également faire face à d’autres problèmes comme l’attractivité en matière de santé (voir encadré).
Nicolas Lacroix croît surtout à l’efficacité des démarches individuelles des professionnels de santé, « aux médecins qui vont chercher des médecins » en les prenant pendant leur internat, en les accueillant dans leur cabinet et en leur présentant leur patientèle. Problème : ce système a une limite. La nouvelle génération de médecins ne veut pas travailler dans les mêmes conditions que leur prédécesseur et certains veulent se constituer une patientèle sans mauvaises habitudes comme des horaires à rallonge.
Et, justement, dans cette logique, Cap Santé 52 répond aux attentes des jeunes médecins en permettant de travailleren groupe.
Un seul interlocuteur
Sixtine Pettini le dit : « la volonté des professionnels est une prise en charge globale des patients ». Pour elle, comme dans une spirale vertueuse, « les professionnels attirent les professionnels » et c’est pourquoi elle table sur l’arrivée de deux médecins généralistes sur le site. Elle s’appuiera sur l’aide de la communauté professionnelle territoriale de santé et sur toutes les démarches qui améliorent l’attractivité du territoire. Le problème est que la compétence santé est éparpillée au niveau de toutes les collectivités (Agglo, Conseil départemental, Région…) et que, sans politique commune et coordonnée, rien ne se fait.
Impossible de compter, non plus, sur le plan santé engagé par le Conseil départemental qui, pour cause de Covid, a été reporté après les élections de juin 2021. Justement, date à laquelle où six médecins généralistes fermeront leur cabinet. Malgré tout, Nicolas Lacroix a semblé intéressé par une idée soufflée par Sixtine Pettini : « la mise en place d’un seul et unique interlocuteur chargé de renseigner et accueillir de nouveaux professionnels de santé ». Comme pour d’autres domaines dans le département, il serait chargé de s’occuper de tout pour améliorer l’attractivité du territoire de santé : le site professionnel, le logement, l’emploi de la femme ou du mari, l’école des enfants…
Frédéric Thévenin