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WIPP : Voyage au cœur de la Terre, à 660 m de profondeur

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Les déchets les moins actifs sont empilés dans les galeries.

C’est actuellement le seul centre de stockage géologique du monde en activité. Depuis 1999, le Waste Isolation Pilot Plant (WIPP) accueille les déchets radioactifs militaires de faible et moyenne activité à vie longue de tous les Etats-Unis, en plein désert du Nouveau-Mexique. Plongée à 660 mètres de profondeur dans le sel.

Carlsbad, Nouveau-Mexique. D’un côté, la carte postale : au beau milieu du désert, plus de 350 jours d’ensoleillement par an, deux parcs nationaux dont un hébergeant les plus belles grottes d’Amérique du Nord, « une oasis dans une vallée avec les montagnes, le désert et les plaines qui nous entourent », comme le signale le dépliant touristique édité par la Chambre de commerce de la ville. De l’autre, la réalité. Des forages de pétrole à perte de vue, quelques gisements de gaz, des mines de potasse et le WIPP, un centre de stockage de déchets nucléaires.

Les grottes de Carlsbad sont les plus belles d’Amérique du Nord.

De l’extérieur, le WIPP ressemble à un simple entrepôt. Seul quatre structures métalliques signalent une activité souterraine. Mais dès l’entrée, les agents de sécurité équipés comme des commandos militaires ramènent à la réalité de l’activité du lieu. En effet, depuis 1999, le site accueille les déchets nucléaires militaires de faible et moyenne activité à vie longue de tous les Etats-Unis. Il est d’ailleurs le seul centre de stockage en profondeur actuellement en activité dans le monde.

Une fois les contrôles de sécurité passés, il n’y a plus qu’à s’équiper : un casque, des lunettes, un masque à gaz en cas de problème et un dosimètre pour mesurer l’exposition à une éventuelle radioactivité. Bien que l’intrusion de deux manifestants sur le site d’Oak Ridge (Tennessee), lieu d’entreposage de plutonium enrichi, début septembre, ait un peu refroidi les ardeurs de communication sur le sujet, le WIPP reste un site accessible et visitable sur demande.

Derrière ces portes, les colis de déchets sont contrôlés avant d’être envoyés au fond.

Au WIPP, les déchets arrivent par la route

Derrière une grande porte jaune aux multiples indications de sécurité, se trouve la salle de réception des colis de déchets. Chaque semaine, environ 200 fûts de déchets de faible activité et deux à quatre convois de déchets de moyenne activité, arrivent au centre par la route depuis les sites militaires en cours de nettoyage. Immédiatement, ils sont contrôlés afin de s’assurer qu’il n’y a pas de fuite.

Le colis de déchets est ensuite retiré de son conteneur de transport et à nouveau contrôlé. A mains nues pour les déchets “contact-handle” (faible activité) ou par un robot, pour les “remote-handle” (moyenne activité). Si la moindre anomalie est constatée, l’ensemble du colis est retourné à l’expéditeur pour être reconditionné. Si le colis ne présente pas de danger, il est envoyé dans les galeries souterraines pour être stocké.

Les déchets sont acheminés au WIPP par la route.

C’est par une sorte de monte-charge que l’on accède à ces galeries, à environ 660 mètres de profondeur. Là, les déchets remote-handle sont transportés par un robot jusqu’à une alvéole creusée dans la paroi d’une épaisse couche de sel datant de 250 millions d’années (à Bure, Cigéo serait situé à 500 m de profondeur, dans une argile de 165 millions d’années environ). Le site a d’ailleurs été choisi pour la stabilité de sa géologie, l’absence d’eau dans le sel et son élasticité.

Un atout concernant les déchets “contact-handle”, qui eux sont simplement empilés dans les galeries et couverts de sacs de magnésium. « L’élasticité du sel fait que les galeries s’affaissent. En s’abaissant, le plafond va faire exploser les sacs de magnésium qui rempliront les interstices entre les colis », explique Abraham Van Luik, directeur des programmes internationaux au Department of Energy (DOE), qui gère le WIPP. En 200 ou 300 ans, la galerie sera totalement refermée, emprisonnant ainsi les déchets. Il n’y a donc aucune possibilité de les récupérer un jour.

Les déchets de moyenne activité sont enfermés dans ces alvéoles par des robots.

Une population favorable

Malgré les nombreux camions de déchets traversant la ville, il semblerait que le stockage soit entré dans les mœurs. « 95 % de la population est favorable au stockage, affirme John Heaton, ancien élu à la Chambre des Représentants du Nouveau-Mexique, lobbyiste et conseiller en énergie de la ville de Carlsbad. L’économie minière est très fluctuante donc le WIPP a été l’occasion de stabiliser les revenus de la ville et de créer des emplois. Environ 450 personnes y travaillent et 550 autres sont répartis dans les sites à nettoyer. »

En 13 ans d’exploitation, 60 % des galeries de stockage ont été remplis de déchets et d’ici 2040, le stockage sera complet. En attendant, la ville de Carlsbad s’est portée volontaire pour développer son centre de stockage, en accueillant des déchets civils et pourquoi pas, à terme, des déchets de haute activité, surtout après l’arrêt du programme de Yucca Mountain.

La population ne semble d’ailleurs pas s’en émouvoir plus que ça. Reste que le gouvernement fédéral, qui a le dernier mot, ne s’est pas encore prononcé sur la question et que le stockage de déchets de haute activité exige une réversibilité pendant au moins 300 ans, ce qui est impossible avec la technique employée au WIPP.

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

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