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Crise sanitaire : Les éclairages du Ceser

Le Ceser, c’est le conseil économique, social et environnemental régional. C’est une assemblée qui représente les socio-professionnels de la Région. Son président, Patrick Tassin, nous livre son sentiment sur la situation à la fois sanitaire mais aussi économique du Grand Est.

Le J.H.M. : Nous assistons à la deuxième vague annoncée de l’épidémie et sommes entrés dans une nouvelle période de confinement. Quelle est votre appréciation de la situation ?

Patrick Tassin : « Globalement, je dirais qu’il y avait nécessité de prendre de nouvelles dispositions. On le voit, la circulation du virus est là, beaucoup de monde est touché, les hospitalisations ont repris, y compris les cas lourds. Sur la situation sanitaire, le véritable indicateur, nous savons que c’est l’hôpital. Et nous pouvons constater qu’il n’y a pas eu d’amélioration quant aux capacités d’accueil dans les hôpitaux. On aurait pu s’attendre à ce que des choses soient mises à profit pour faire face à une deuxième vague. Ça n’a pas forcément été le cas. Vous le voyez bien en Haute-Marne, la réanimation a été rouverte puis refermée. Ce qui est relativement aberrant car on savait qu’il y aurait une deuxième vague. Sur cet aspect hôpital, ce n’est pas normal que l’on en soit revenu à une situation comme s’il n’y avait pas eu la crise du printemps. Même si on peut comprendre qu’il faut du temps pour recruter, qu’il faut du temps pour faire des équipements, il y a quand même des endroits où on a continué à fermer des lits. Du point de vue de l’économie et de la situation sociale, les entreprises ont pris des coups énormes avec le premier confinement. Le premier choc a été dur, il laisse encore des traces et là nous sommes dans un deuxième choc.

Le J.H.M. : Vous publiez des tableaux de bord et des indicateurs, que disent-ils ? Comment les entreprises ont-elles résisté ?

P. T. : On a deux types de travaux sur ces sujets. Tous les trois quatre mois, nous réalisons un tableau de bord économique et social de la Région pour voir comment la situation évolue. Et tous les ans, on publie 20 indicateurs. Ils alimentent le débat sur les orientations budgétaires. Ce que je peux dire, c’est que, jusqu’en mars, tous les indicateurs étaient au vert. Il y avait une évolution positive à tout point de vue, même si au niveau économique, nous avions quelques inquiétudes sur les secteurs automobile ou aéronautique car les indicateurs en Allemagne n’étaient pas très bons. Mais globalement ça allait mieux du côté du chômage, du commerce extérieur où nous sommes une des rares régions à avoir une balance commerciale positive. Évidemment, tout ça a été bousculé comme partout par le confinement où tous les contrats précaires ou l’intérim, ont été mis à l’arrêt. Les entreprises ont peu à peu repris mais il y a des secteurs comme le commerce ou le service à la personne, l’hôtellerie-restauration qui ont plus longuement souffert. La crise a été atténuée par les mesures prises par l’État comme le chômage partiel qui a évité des licenciements, les prêts garantis par l’État aussi tout comme les aides de 1 500 €. On était plutôt dans ces dernières semaines dans une situation de rétablissement progressif qui s’est fait assez rapidement. Les choses repartaient probablement plus vite que ce à quoi on s’attendait. Le tourisme par exemple, qui a pris un choc énorme, a connu un bon été y compris dans notre région.

Le J.H.M : Mais il y a cette deuxième vague et ce second choc, comment appréhendez-vous les mois qui viennent ?

P. T. : Aujourd’hui, nous sommes retombés dans l’inconnu. Les mesures de confinement affectent un peu moins l’économie qu’en mars sauf pour certaines activités qui ont déjà été particulièrement touchées comme le commerce, certains artisans comme les coiffeurs mais aussi l’hôtellerie et la restauration. Nous avons néanmoins de grosses craintes. C’est ce qui explique que la Région est en train de revoir ses orientations budgétaires. Il y a trois semaines, nous étions plutôt dans une situation favorable. Là, nous sommes inquiets.

Et l’emploi ?

J.H.M : Y a-t-il eu une dégradation de l’emploi dans la Région ?

P. T. : Nous n’avons pas eu de licenciements massifs car il y a eu les mesures de chômage partiel conséquentes, il y a eu les prêts garantis par l’État qui ont aidé les entreprises ou encore les aides de 1 500 € pour les petits commerçants ou artisans. Le chômage a augmenté en mars et en avril, ce sont les précaires qui se sont retrouvés dans une situation compliquée. La reprise qui a suivi en mai, juin, juillet et septembre, a concerné la reprise l’intérim et justement des contrats précaires.

Côté emploi, nous sommes aujourd’hui dans l’inconnue car les mesures de confinement affectent un peu moins l’économie que le choc subi en mars mais, de nouveau, des activités sont fortement touchées… Nous pouvons avoir de grosses inquiétudes sur le plan économique et social. Le bâtiment et les travaux publics sont aussi dans une situation délicate en raison des marchés publics qui ont été freinés du fait de l’impact de la première vague et des élections avec une deuxième vague qui peut aggraver la situation.

Fermeture des petits commerces

Fallait-il fermer les petits commerces ?

« Je suis désolé de le dire aux élus mais si le commerce de proximité a des difficultés face aux grandes surfaces c’est parce que les grandes zones ont été autorisées et elles se sont développées. Là où on a aujourd’hui une vraie distorsion de concurrence c’est avec l’e-commerce et, il faut le dire, nous n’avons pas encore trouvé de solution. Néanmoins, sur la question du reconfinement, je ne vois pas bien comment on aurait pu faire autrement.

Les territoires qui trinquent

Y a-t-il des disparités dans cette crise entre les différents territoires du Grand Est ?

Oui, il y a de grosses disparités. Sous deux aspects : le niveau du chômage et le taux de pauvreté avec des situations extrêmement différentes entre l’est de la région et l’ouest. Les départements les plus anciennement industriels, comme la Haute-Marne, l’Aube, les Ardennes, sont des territoires où le taux de pauvreté a atteint des niveaux relativement conséquents tout comme les taux de chômage. En Alsace, en Meurthe-et-Moselle, la situation n’est pas tout à fait pareille. Les disparités existantes ont été aggravées.

Vite lu

« Je pense que tout le monde s’attendait à une seconde vague mais atténuée par rapport à la première. Il semble que la deuxième vague soit aussi forte voir plus forte que la première vague. La grande différence, la première vague a touché des agglomérations où il y a eu d’importants foyers épidémiques. Aujourd’hui, dans la ruralité ou dans les centres urbains, la deuxième vague est en train de se répandre partout. »

Céline Clément

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