Chantal Andriot quitte la scène
PORTRAIT. Figure incontournable et emblématique de la municipalité langroise, Chantal Andriot, Madame “spectacles, associations et jumelages”, a baissé le rideau de la retraite sur près de 40 ans de carrière. Non sans laisser un legs culturel pour le moins conséquent.
Ce sont les caprices de la vie. Du destin. Lorsque l’ancien maire Guy Baillet lui demande, en octobre 1982, de prendre la tête de ce qui était alors le service Animations de la municipalité, Chantal Andriot accepte, mais à une seule condition. Ce ne sera, elle est catégorique, que pour « quelques mois, un an tout au plus, pour dépanner ». En janvier dernier, Chantal Andriot a finalement quitté ce service. Après l’avoir dirigé, chacun l’aura constaté, un tantinet davantage que « quelques mois »…
Très rapidement, Chantal Andriot prend ses marques dans un rôle qui semblait, en réalité, taillé à sa mesure. Passion pour la culture, pour le spectacle vivant, force de travail colossale, mise à disposition de réseaux déjà grandissants et, surtout, audace pour lancer des projets qui, à l’époque, semblaient un peu fous : elle prend du plaisir et s’épanouit. Avec le plein soutien de Guy Baillet, avec qui elle partageait la même vision de ce qui devait être réalisé : « Il ne voulait surtout pas de super service municipal gérant l’ensemble de la vie culturelle. Sa volonté, c’était que le service Animations suscite la vocation associative. Mon rôle était de repérer les projets et de les accompagner ».
« C’est vraiment une décennie stimulante »
Et des projets, il n’en a effectivement pas manqué dans les années 80, pour lesquels Chantal Andriot garde une affection particulière. « C’est vraiment une décennie stimulante, où tant de choses se sont mises en place… ». Et, à chaque fois, Chantal Andriot n’y est pas vraiment étrangère… « Mon premier projet fut les Rencontres de théâtre amateur, en 1983. La pièce s’appelait “Le mystère de saint Didier”, j’ai même joué dedans ! », se remémore-t-elle, avant d’embrayer sur une autre initiative : la reprise en mains, par elle et toute une bande de jeunes motivés de l’époque, de l’ancien Foyer des jeunes travailleurs (FJT).
Par la suite, les grands événements s’enchaînent. En 1983, dès le début, Langres participe activement à la Fête de la musique. En 1985, l’aventure Radio Pays de Langres (RPL) débute, toujours avec le soutien et l’accompagnement initiaux de la responsable du service Animations. En 1986, c’est “Rock on the roc”, dont il subsistera pendant longtemps les “Festi’mardis”. Enfin, en 1989, c’est évidemment Tinta’mars qui voit le jour, là aussi avec le concours de Chantal Andriot. « Je n’étais pas seule, évidemment. Mais je peux aujourd’hui révéler quelque chose : c’est moi qui ai trouvé ce nom de “Tinta’Mars” ! », confie-t-elle, heureuse de voir que cet événement perdure et est toujours aussi populaire, comme la dernière édition l’a encore démontré.
Le luxe du temps
Les bases sont posées, et, par la suite, Chantal Andriot voit avec bonheur les années s’égrener, et son périmètre étendu aux Relations internationales, en sus du Spectacle et des Associations. « J’ai mis beaucoup d’énergie » dans les jumelages, rappelle-t-elle, fière d’avoir établi un beau partenariat avec Ellwangen et les échanges de jeunes, entre autres. Bourreau de travail, elle se constitue, au fil des années, un important réseau qui lui permet de composer de belles saisons de spectacle vivant. De Guy Bedos à Juliette Greco, en passant par la Grande Sophie, de grands noms viennent dans la petite cité langroise. La philosophie et Denis Diderot prennent aussi une part croissante. En 2000, Chantal Andriot participe à la fondation du Forum Diderot-Langres. A partir de 2016, elle reprend en mains la programmation des Rencontres philosophiques, son dernier grand projet au service de Langres.
Aujourd’hui, Chantal Andriot — on ne se refait pas — ne sera pas totalement éloignée du champ culturel langrois. Mais elle entend bien bénéficier d’un luxe dont elle dispose enfin : du temps. Pour « vivre dans l’instant présent ».
Nicolas Corté
