Eco Hebdo : avant, c’était pire
La guerre en Ukraine, les embargos et l’inflation ont libéré les prévisions sur un futur inquiétant. Les pessimistes de service ou, plus sûrement, les ignorants ont tôt fait de nous chanter la petite musique du « c’était mieux avant ». C’est oublier ce qu’ont vécu nos aînés pendant l’Occupation. Pour le coup, c’était pire, avant. Le pays était soumis à l’ordre du vainqueur. Rien à voir avec la crise actuelle. La prédation économique a été estimée à 45 % de la production française, un chiffre qui ne tient pas compte des travailleurs réquisitionnés pour remplacer les salariés allemands enrôlés dans la Wehrmacht. Un autre monde.
Dans le quotidien, c’était pire avant. La pénurie rythmait la façon de vivre, en premier lieu de se nourrir. Aujourd’hui les difficultés se focalisent sur l’augmentation de prix de certains produits et sur l’envolée des tarifs de l’énergie. Rien de dramatique pour le moment. Entre 41 et 45, et même quelques années après la Libération, la population française a vécu sous le régime des tickets de rationnement. Dans chaque famille demeure le souvenir du marché noir. Autant de situations qu’on est loin de connaître aujourd’hui. Pour le moment, la France, comme ses alliés européens, est simplement effleurée par les retombées du conflit russo-ukrainien. Des secteurs comme le tourisme retrouvent d’ailleurs leur dynamisme d’avant le Covid.
C’est précisément cette capacité de rebond qui démontre que la France n’est pas confrontée au « pire ». Il ne s’agit pas pour autant de rester béat dans une situation pour le moins fluctuante. Si la crise ukrainienne dégénère, nous en ressentirons forcément les impacts, sachant que l’arme économique sera massivement utilisée, par le truchement des pénuries et des embargos. L’exemple du gaz est là pour nous le rappeler, celui des céréales aussi. Ce qui se joue du côté de Kiev nous affectera. Pour le meilleur ou le pire.
Patrice Chabanet