Les décomptes de l’horreur – L’édito de Patrice Chabanet
Les guerres propres n’existent pas. L’exemple du conflit ukrainien nous en fournit une nouvelle preuve. Jusqu’à ces derniers jours il n’était question que des positions et des pertes matérielles ou humaines des deux belligérants. Certes, personne n’était dupe. Hors caméras, des horreurs ont été commises. A Boutcha, des centaines de cadavres de civils ont été découverts, certains les mains attachées derrière le dos. Méthode classique pratiquée par une armée en déroute qui fait payer à des innocents ses échecs.
A méthode hélas classique, réponse tout aussi classique : la communauté internationale exige des enquêtes sur ces crimes de guerre. Des réactions qui, soyons en convaincus, n’ont pas ému Vladimir Poutine. Son souci est ailleurs : se sortir du guêpier ukrainien, sachant que l’armée russe n’a jamais pris de gants pour parvenir à ses fins. En Tchétchénie elle avait organisé des centres de filtration qui ne laissaient pas repartir tous les suspects…
Plus le conflit va s’éterniser, plus de nouvelles atrocités risquent d’être découvertes. De toute façon, si des procédures judiciaires internationales sont ouvertes contre Poutine ou l’état-major de son armée, il faudra de longues années avant que la justice statue. Le précédent serbe est là pour nous le rappeler.
En attendant, la guerre pourrait dégénérer dans une confrontation sans concession. L’armée ukrainienne ne va pas rester les bras ballants et décompter les civils massacrés. On peut s’en douter aussi, Volodymyr Zelensky n’est sans doute pas enclin à négocier avec les tortionnaires de son peuple. Et des groupes armés de son camp sont prêts à rendre coup pour coup à l’adversaire russe.