Maîtres en impréparation – Par Patrice Chabanet
Chaque jour qui passe nous révèle une armée russe dépassée par les évènements. Dernier exemple en date : la destruction d’un dépôt de carburant en terre de Russie. Visiblement, deux hélicoptères ukrainiens ont pu s’introduire sur plusieurs dizaines de kilomètres sans être repérés, frapper leur cible et repartir en toute sécurité. Une claque magistrale pour celle qui nous est régulièrement présentée comme la deuxième armée du monde. Dans le même temps on a appris que les troupes russes ont quitté la centrale nucléaire de Tchernobyl. On se demande s’il s’agit d’un simple repli stratégique ou de la prise de conscience tardive de radiations qui pourraient mettre en danger la santé des soldats.
Ces deux exemples illustrent l’état d’impréparation d’une armée à qui le pouvoir politique – celui de Poutine en particulier – a fait croire que l’expédition en Ukraine tenait plus d’une simple manœuvre que d’une vraie guerre. A cette aune-là, on peut légitimement se demander si l’armée russe pourrait tenir le choc face à ses homologues française et allemande. La hiérarchie militaire et les services de renseignement ont beau être tétanisés par l’omnipotence de Poutine, il arrivera forcément un moment où le délitement de l’armée, les pertes humaines et son manque de motivation provoqueront, sinon une implosion, du moins une crise ouverte au sommet de l’Etat.
D’une certaine manière, l’affaiblissement militaire de la Russie est une bonne nouvelle pour nous, sauf à imaginer un déclenchement bien improbable du feu nucléaire. Mais il met en lumière nos propres faiblesses. Quel service de renseignement occidental, sauf peut-être la CIA, aurait pu prévoir les errements de l’armée russe, dont le seul fait d’armes consiste à détruire méthodiquement les villes ukrainiennes ? Une vengeance bestiale. Il est temps de revoir et d’actualiser nos connaissances pour éviter de nouvelles surprises.
Patrice Chabanet