Eco-Hebdo : le retour des règles de base
Les citoyens lambda n’ont pas eu besoin de l’onction des hautes autorités pour trouver une parade à l’envolée des prix du gaz. Ils se regroupent de plus en plus pour passer commande, une façon d’opérer classique pour peser sur les prix. L’Union européenne ne s’y est pas trompée. Elle vient de donner mandat à la Commission pour un achat groupé de gaz. Une urgence commandée par l’envolée des cours, elle-même provoquée par des facteurs conjoncturels comme la baisse des niveaux de stockage au niveau européen, ou le mauvais état des infrastructures du fournisseur russe. A cela s’ajoute la crise ukrainienne qui fait planer une menace d’embargo. Bref, une conjonction de facteurs inflationnistes. Le gouvernement français tente une parade avec le gel des tarifs jusqu’à la fin de l’année.
Les mesures réglementaires ne sont qu’un palliatif. L’essentiel est ailleurs. Il est dans la relation offre et demande. La contraction de l’offre entraîne mécaniquement une hausse des prix. Le regroupement des commandes vise justement à la contenir. Il prouve en tous les cas qu’en la matière le souverainisme n’a pas lieu d’être. C’est l’union qui fait la force des clients. Et ce qui est bon pour le gaz pourrait l’être pour le pétrole ou d’autres matières premières. On peut même espérer à terme une stabilisation des cours. Il n’est pas normal que nos sociétés soient tributaires des sautes d’humeur des pays producteurs. Certes, nous avons besoin d’eux pour la bonne marche de l’économie. Mais, à l’inverse, les produits énergétiques restent souvent leur principale source de revenus.
Reste le cas américain. Les Etats-Unis ont tout intérêt à ce que le prix du brut se maintienne à un niveau élevé. Lui seul rend rentable l’exploitation du schiste bitumineux. Mais point trop n’en faut. L’explosion des cours ne peut que conduire à une crise économique sévère. Autrement dit, le prix du gaz et du pétrole ne serait plus la préoccupation numéro un.
Patrice Chabanet