Tinta’Mars : quand le silence est d’or
Pour la dernière du festival de Tinta’Mars, ce vendredi 25 mars à la salle Jean-Favre, Léandre Ribera n’avait strictement rien à dire. C’est pourquoi tout le monde l’a compris… et a vraiment bien ri.
Le titre du spectacle était pour le moins évocateur. Clair et net. Léandre Ribera, un artiste théâtral venu tout droit d’Espagne, n’avait « rien à dire ». Après tout, pourquoi assommer le public de la salle Jean-Favre s’il n’a effectivement aucun texte à lui apporter ? Lui, son corps, sa scène, ont amplement suffi. Pour le dernier spectacle proposé par un festival Tinta’Mars qui aura été particulièrement réussi, en dépit d’une première qui avait être dû annulée pour cause de Covid-19, c’est un seul-en-scène haut en couleurs qui a tordu de rire un public venu en masse. Et qui est volontiers resté à l’issue de la représentation pour un dernier “Tinta’Bar” particulièrement apprécié.
En réalité, Léandre Ribera a quand même (un peu) menti. S’il ne parle pas du tout, il avait pourtant beaucoup à dire. Par le geste, par les yeux, par son talent corporel. Et, le moins qu’on puisse dire, et que ça fonctionnait.
Un spectacle pour le moins interactif
Seul dans une maison délabrée, semblant même hantée puisque les objets y bougent spontanément, Léandre erre comme une âme en peine au milieu d’un baroque et étrange amoncellement de chaussettes jaunes jonchant l’ensemble de la scène.
Essayant vainement, sans un mot, d’y vivre une vie à peu près normale, quoique déjantée, Léandre fait vite appel au public. Qui participe de bon cœur, que ce soit pour faire semblant de manger, jouer un facteur, ou même remplacer le reflet de ce qui devait être jadis un miroir.
Parfois, une surprise détonne, comme les chaussettes jaunes qui volent directement sur le public, ou de poétiques bulles que chacun est amené à attraper.
Pendant plus d’une heure, Léandre a virevolté, vécu, ri, eu peur et, finalement, eu droit à une longue standing-ovation bien méritée.
Tinta’Mars s’est achevé de la plus belle des manières.
Il reviendra dès l’an prochain, où nul doute qu’il y aura beaucoup à dire !
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr